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| Le bon et la truand [Ashley] | |
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| Sujet: Le bon et la truand [Ashley] Mer 10 Nov - 18:38 | |
| Encore une lourde journée chargée, comme il commençait à en avoir l’habitude. La cadence devenait de plus en plus dure pour lui mais il tenait bon, n’ayant de toute manière pas vraiment le choix. D’autant plus que travailler et laisser libre cours à sa passion lui permettait d’oublier qu’une folle avait décidé de lui pourrir la vie, ce qu’elle réussissait plutôt bien jusqu’ici. Elle n’avait pas non plus une place omniprésente dans la vie de Jake. Il s’était retrouvé en face d’elle – à ses pieds serait un meilleurs terme – quelques fois jusqu’ici. Et tout cela pour quoi ? Parce qu’il avait eu le malheur de se faire remarquer en la dessinant. Il avait eu la malchance de choisir le seul modèle qu’il ne fallait pas prendre. S’il réussissait à passer autre chose parce que miraculeusement, elle ne le tuait pas, il commençait à avoir une sérieuse frousse à la simple idée de penser à elle. Il est clair qu’il n’ira jamais plus à Tenderloin, et qu’il évitera dès à présent ce quartier comme la peste. Mais bref, passons à autre chose puisqu’il n’y pensait pas à son réveil, à cinq heure trente, lorsque la sonnerie le tira péniblement du sommeil. Nous étions jeudi matin, et il avait accroché son emploi du temps de la semaine sur son frigo. Sinon il lui arrivait d’oublier, il pouvait être tête en l’air, comme tous les artistes. En se redressant, il se rendit compte qu’il s’était endormi sur un dessin presque achevé, et que sa lampe de chevet était toujours allumée. Noooon la facture d’électricité, il avait déjà du mal à payer son loyer mais là il allait se retrouver à la rue en moins de deux avec des erreurs pareilles ! Il grommela quelque chose entre ses dents et se frotta les yeux, ayant du mal à émerger. Il devrait peut-être apprendre à son chat à éteindre la lumière lorsqu’il s’endort, ce serait un tour à la fois impressionnant et économique ! Il baissa la tête sur son œuvre et l’observa minutieusement. Il n’avait pas le temps de trainer, pourtant il se sentait pris d’une frénésie artistique, il ne pouvait pas laisser ce travail inachevé, ce n’était pas son genre ! Il passa donc cinq minutes à terminer cette esquisse de chevalier armé pour son école, puis il se leva courageusement de son lit. Après avoir bu son café quotidien, il s’habilla en hâte et rejoignit la piscine du port. Il avait pour habitude, plusieurs fois par semaine, de se rendre dans cette piscine – car il y avait un abonnement – et de profiter qu’il n’y ait personne pour passer une heure dans l’eau afin de se réveiller. C’était une méthode de tenir le coup toute la journée pour lui, et d’être en forme.
Il sortit de l’eau vers sept heure, se sécha et utilisa les transports en commun pour se rendre au Blind Date, son lieu de travail. Il enfila sa tenue de serveur et passa toute sa matinée à servir des petits déjeuners puis des déjeuners variés. Une fois son travail terminé, il mangea son sandwich dans le bus puisqu’il n’avait pas le temps de se poser. Il s’était de nouveau changé et pénétra dans son école d’art afin de passer toute l’après midi en cours. Il resta même un peu plus longtemps dans la bibliothèque universitaire pour travailler sur un projet de graphisme. Il sortit de là vers dix-neuf heures trente, totalement épuisé. Mais il n’était pas le temps de se reposer. Une fois dans le bus, il songeait à la manière dont il répondrait à la commande de cet auteur qui lui avait demandé de lui faire une couverture pour son livre. Il allait plancher dessus toute la soirée, probablement. En chemin, Jake se fit accoster par deux hommes imposants qui lui demandèrent de le suivre.
« Excusez-moi… ? » « La patronne veut te voir. Et tu l’as fait attendre toute l’après midi. »
Il n’en fallait pas plus pour que l’homme comprenne de quoi il était question. Déjà, le simple terme de ‘patronne’ provoqua des frissons ainsi qu’une grimace chez lui que ses interlocuteurs remarquèrent. Ils sourirent et l’un d’eux agrippa le bras du dessinateur qui réfléchissait déjà à un plan pour se sortir de cette situation. C’était une blague, n’est-ce pas ? Il préférait avoir affaire à deux agresseurs armés jusqu’aux dents, il préférait se faire tabasser dans une ruelle plutôt que d’avoir affaire à cette terrifiante femme ! Jake se dégagea brusquement, comme un instant de rébellion inattendu qui montrait à quel point il était désespéré et avait trop peur de cette femme pour se laisser faire. Il avait toujours peur d’y passer, qu’elle finisse par le tuer, et elle le forçait à dessiner pour elle, il avait horreur de dessiner contre son gré ! D’autant plus qu’elle avait des arguments terriblement douloureux. Par chance pour notre homme, le bus apparut dans l’angle de rue. Jake se mit à courir comme un fou vers l’arrêt de bus, son sac serré contre lui et accroché sur une épaule. Il ne regarda même pas en arrière lorsqu’il s’engouffra dans les portières et s’arrêta pour voir où étaient ses poursuivants. Il n’y avait plus personne derrière lui, les deux hommes avaient disparu. C’était une victoire ? La première victoire de Jake Skinner face à la Furie Furieuse ? Il acheta un ticket, parce que monsieur Skinner ne connaissait pas la fraude, puis reprit son souffle sur un siège. Durant le trajet, il laissa volontiers sa place à une personne plus âgée qui était montée. Cet acte altruiste lui redonna confiance en lui et un sourire apparut en réponse à celui de la dame. Il se sentait déjà plus à l’aise. Il n’y avait plus aucune trace de ces grosses brutes, alors il était sauvé ? Jake descendit du bus une fois qu’ils furent arrivés au port. Ce transport avait fait le tour d’une bonne partie de la ville et avait mit pas mal de temps pour arriver mais peu importe, il se sentait plus en sécurité à l’intérieur qu’à pied. Du moins aujourd’hui. Il longea les bateaux, de meilleure humeur. Il était dans son quartier, donc il était à l’abri, bien loin de Tenderloin. Et puis il ne voyait pas du tout comment elle pouvait le retrouver ! Rassuré, il rentra dans son immeuble et se faufila par les escaliers au troisième étage jusqu’à son petit appartement. Une fois à l’intérieur, il ferma quand même à clé. On avait vite fait le tour de cet endroit tellement c’était étroit. Une seule pièce, avec une petite salle de bain à coté qui contenait également les toilettes. Le lit était placé dans un coin, un lit une place. Il n’y avait même pas la place pour y mettre une table. Jake mangeait sur son bureau, devant ses dessins ou son pc portable généralement. Il accueilli son chat, animal créé par les dessins de l'homme. Le papier était caché dans une pochette dans un tiroir et s'il était déchiré, le chat mourrait. C'était comme cela pour toute créature vivante que Jake créait. Cela dit, il n'y avait que le chat en ce moment. Il lui donna d'ailleurs à manger après l'avoir embrassé sur le front. Il balança ensuite son sac sur son lit et soupira devant son bureau. Tout était toujours en désordre, des esquisses qui trainaient un peu partout dans des pochettes transparentes, mais pas une seule n’était au sol. C’était ses créations, ses petits chouchous. Il n’eut pas le courage de faire du rangement et commença à faire chauffer une poêle pour se faire des œufs au plat. Jake savait bien cuisiner, il avait beaucoup appris de cet art auprès de ses parents, et surtout sa mère qui est fermière, mais il n’avait pas le temps ni les moyens ici. Il avait l’impression que c’était du gâchis de faire des pâtes alors qu’il savait faire tellement plus, mais n’avait pas vraiment le choix. Pendant que son instrument chauffait, il partit rapidement se doucher et, une fois sortit en caleçon, s’affala sur sa chaise roulante en prenant sur ses genoux une planche de bois avec dessus une large feuille de cançon contenant le début de son travail pour cet auteur. Armé d’un crayon, il se concentra dessus et oublia totalement qu’il devait terminer de se préparer à manger, comme la tête en l’air qu’il était. Il se sentait en sécurité ici mais bizarrement, il avait du mal à oublier la rencontre d’aujourd’hui. Ils avaient abandonné bien vite, quand même, et c’était bien la première fois qu’il échappait à la patronne… Au fond, c’était à la fois une grande victoire mais aussi peut-être un peu inquiétant, non ? Enfin on s’en fiche, elle est loin maintenant. Il ne risquait rien.
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| | | Ashley Nortlen
* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * Celle qui tient le fusil contre ta tempe
Messages : 290 Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Le bon et la truand [Ashley] Jeu 2 Déc - 19:12 | |
| [Désolée du délai mais, de toute manière, tu peux rien contre moi.]
-Toi, crève.
Certaines journées commençaient mieux que d’autres. Ce matin-là, je venais à peine de sortir de l’hôtel que de pas gentils monsieurs avaient décidé de me faire faire un tour dans leur camion. Ils n’étaient que cinq contre moi et je les trouvais bien téméraires. En levant les yeux au ciel, je les avais sagement laissés me désarmer avant de les suivre docilement dans leur véhicule. D’ailleurs, ce qu’ils osaient appeler un camion était ordinaire, ennuyant et décevant. Je me demandais même s’il leur arrivait de se faire doubler par des vélos… J’étais donc montée à l’arrière de ce tas de ferraille en me doutant bien que mes non-amis du jour n’avaient certainement pas pour but de me faire faire une visite guidée de la ville. Je détestais ces petits cons qui, plutôt que passer sagement à mon bureau pour discuter calmement et, au final, me donner raison, préféraient essayer d’employer la manière forte. Quand comprendraient-ils tous que, dès qu’il était question de violence, je surpassais tout le monde en savoir-faire et en originalité?
-Oh, allez, Miss Nortlen, on ne commencera pas en de mauvais termes, non?
Un sourire mielleux se peignit sur mon visage alors que je fixais impitoyablement l’imbécile qui me regardait dans le rétroviseur et à qui je venais d’exprimer l’ampleur de mon affection par de douces paroles.
-Nous étions en de mauvais termes avant de commencer et je crois bien que ça ne s’améliorera pas.
C’est froid, le bout d’un canon de fusil. Ça me surprend à chaque fois que l’un d’eux frôle ma peau. À ce moment-là, toutefois, c’était plus qu’une impression de froideur, puisque l’homme très galant à ma droite venait de me l’enfoncer contre la gorge. Charmant. Mon sourire ne fondit tout de même pas, même entre les répliques tout aussi gentilles que les précédentes qui suivirent cette menace très claire. Je me devais de m’avouer que, pour une rare fois, la solution à mes problèmes me venait difficilement. Il me fallait attendre de ne plus avoir ce foutu pistolet enfoncé contre la gorge avant d’agir et, préférablement, que l’horrible camion soit arrêté. Au bout de plusieurs minutes pendant lesquelles les stupides têtes vides à gros bras ne cessaient de m’expliquer pourquoi leur patron voulait qu’ils me parlent aussi sérieusement, le conducteur fit descendre tout le monde dans un coin désert de la plage près du port de la ville. Naturellement, ils n’allaient pas se rendre chez moi…
Déjà lasse des petits jeux stupides auxquels on ne tarderait pas à vouloir me faire jouer, je décidai de passer à l’action. Je n’avais ni le temps ni l’envie de me faire bousculer par de grands garçons qui croyaient me faire peur. Je décidai donc d’utiliser mon pouvoir sur les émotions pour me débarrasser d’eux. J’aurais préféré simplement me battre et leur défoncer la gueule à coups de n’importe quoi, mais je savais plus sage de ne pas prendre de risques puisque j’étais seule contre eux. J’envoyai donc à ces chers imbéciles de service un besoin de paix et de douceur intolérable, ce que je trouvais beaucoup plus amusant que n’importe quoi d’autre, à ce moment-là. Quatre d’entre eux ne tardèrent pas à jeter leurs armes sur le sol et à fixer la mer avec une sorte de nostalgie, sous le regard profondément troublé de celui qui n’avait pas réagi. Ce con avait un bouclier naturel contre la magie. Avant que son pseudo-professionnalisme ne reprenne le dessus, je pris l’une des armes sur le sol et, en me relevant, je reçus un solide coup à la tempe qui me renvoya au sol. Je compris alors qu’on ne voulait surtout pas me tuer, mais qu’il n’était pas grave qu’on m’abîme. Je resserrai mon emprise magique sur les quatre légumes plus loin, pour être certaine qu’ils ne viendraient pas aider leur copain et je bondis sur celui-ci avec une rage très justifiée. Je pris quelques minutes à m’amuser avec lui et un coup de poing dans les côtes me le fit regretter un peu. Ne savait-il pas qu’on ne tapait pas sur les filles? Une balle dans sa tête termina notre jeu, puisque je n’avais plus envie de m’amuser avec lui. Les quatre amoureux de la mer connurent le même sort et c’est avec une honte assez difficile à mesurer que je rentrai chez moi dans l’atroce véhicule qui m’avait transportée jusqu’à la plage.
Le reste de la journée s’était déroulée tranquillement, mais j’avais besoin de me détendre un peu. J’avais donc pensé à Jake, ma victime préférée dans l’univers. J’étais tranquillement allée déposer quelques affaires à ma chambre et me changer pendant que des employés avaient pour tâche de l’effrayer un peu. Effectivement, mes aventures matinales avaient laissé du sang sur mes vêtements et je n’avais pas eu le temps de passer d’autres vêtements. En soi, le sang ne me gênait pas, mais je préférais faire peur autrement à Jakes. J’avais donc choisi une petite robe blanche, juste parce que ça étonnait toujours les gens de ne pas me voir dans une ensemble de cuir avec plusieurs ceintures… Puis, je m’étais rendue à son appartement. Si mes hommes avaient eu pour consigne de me ramener Jake, ce pauvre chou n’aurait eu aucune chance de se sauver, mais leur tâche était bien de veiller à ce qu’il se rende bien à son appartement, là où j’avais décidé de le rencontrer. J’arrivai un peu après lui, sans trop de difficulté pour entrer chez lui. C’était fou comme le commun des mortels pouvait faire une confiance aveugle à une simple serrure. Jake avait un appartement loin d’être spacieux et le désordre qui y régnait témoignait bien de son tempérament d’artiste. Foutus artistes, êtres inutiles coincés dans leur monde imaginaire… En entendant le son de la douche, j’en déduisis que ma victime se lavait et j’en profitai pour m’installer à mon aise. Je jetai ma veste sur une chaise et j’allai m’asseoir sur le lit qui était dans la pièce, visiblement l’endroit le plus confortable. Un joli minet venait tout juste de monter près de moi lorsque Jake sortit de la salle de bain…en caleçon. Il était donc naïf au point de croire que je ne viendrais pas le chercher ici. C’était presque touchant. Je réalisai qu’il ne s’était pas rendu compte de ma présence quand le pauvre petit se mit à dessiner. J’en fus plutôt vexée : il aurait dû vérifier avec une crainte évidente que je n’étais pas venue lui faire du mal après qu’il se soit enfui de mes chers employés. J’avais presque l’impression de ne pas lui faire peur.
-Alors, tu me sers à manger ou je dois le faire moi-même?
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| | | Invité
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| Sujet: Re: Le bon et la truand [Ashley] Jeu 2 Déc - 20:07 | |
| [Je ne peux pas vous en vouloir, Ô dame de mes pires cauchemars.] Il savait bien que quelque chose clochait, depuis qu’il avait prit sa douche. Il avait remarqué cette veste sur la chaise qu’il venait de prendre, et n’y avait pourtant pas fait attention. En revanche, la seconde présence était si discrète qu’il ne perçut aucun autre indice. Ou alors il était réellement perdu dans ses pensées. Alors qu’il planchait de nouveau sur son travail pénible, une voix atrocement féminine le fit sursauter. Il en brisa la mine de son crayon dans un petit bruit sec, et l’homme se leva précipitamment en se cognant le genou sur son bureau. Il fit volte face et observa bouche bée cette sorcière assise sur son lit. En... robe ? Non non, il n'allait quand même pas se faire avoir par cette tenue aussi innocente. Mais c'était toujours un terrible paradoxe que de la voir enfiler des vêtements qui en disaient si peur sur le monstre qu'il voyait en elle. Mais comment était-elle rentrée là ? Un rapide coup d’œil vers la porte d’entrée confirma ses doutes et il fit la moue en apercevant l’ouverture cassée. Bravo, non seulement il devra payer une nouvelle serrure, mais en plus son appartement allait rester ouvert quelques jours ! Cela dit ce n’était pas le pire, non. Le pire se trouvait actuellement sur le lit, bien confortablement installée, à le scruter comme si elle attendait bien sagement que son esclave accomplisse ses souhaits. Les mains derrière lui, posées sur son bureau, il recherchait une arme qu’il ne possédait pas. Il n’y avait que feuilles et crayons ici, il ne risquait pas de la mettre hors de chez lui en brandissant un charbon de bois cassé. Une autre idée lui traversa l’esprit : celle de la supplier de ne rien faire, de l’épargner, de s’en aller et de lui foutre la paix. Déjà testée, déjà refusée. Son cerveau travaillait à deux cent à l’heure, poussé par l’adrénaline elle-même provoquée par la peur immense de cette terreur. Il la regardait comme si elle n’était pas vivante, comme s’il faisait face à un revenant à l’apparence particulièrement hideuse et dangereuse. L’homme se mit à bredouiller quelques mots, sans succès, puis se tut et ferma la bouche en priant intérieurement pour qu’elle ne le tue pas. Parce qu’elle était rapidement devenue sa grande hantise. Alors qu’est-ce qu’il devait faire, se plier aux quatre volontés de madame et lui donner à manger ? Elle serait encore capable de lui dire que la nourriture est immonde, et de le lui faire payer. De toute manière, quoiqu’il ait fait ou quoiqu’il fasse, elle allait le lui faire regretter. Cependant s’il pouvait abréger ses souffrances…
L’artiste se dirigea maladroitement vers la poêle qui chauffait toujours depuis qu’il était entré sous la douche. Il ne quittait pas Ashley des yeux et ne lui tournait encore moins le dos. Il avait trop peur qu’elle lui saute dessus, qu’elle le morde, qu’elle le dévore tout cru parce qu’au fond, il était persuadé que le monstre le plus abominable se cachait en elle et luttait tous les jours pour ne pas déchirer son enveloppe charnelle et massacrer les gens autour. Heureusement, et je dis bien, heureusement qu’aucun individu ne pouvait accéder aux pensées des gens, car si Ashley avait la capacité d’entrer dans la tête de Jake, elle verrait toutes ces hypothèses loufoques à son sujet et surtout cette terreur immense qu’il ressentait vis-à-vis d’elle. Donc, heureusement pour lui qu’elle n’était pas télépathe. (ahem.)
« Écoutez… J’ai beaucoup de travail… » murmura-t-il avant d’avaler péniblement sa salive. Il avait réussi à aligner quelques mots, c’était déjà ça. Il doutait fortement que ça suffise à faire partir son invitée surprise, mais l’espoir fait vivre, dit-on. Jake ouvrit lentement son réfrigérateur, avec l’intention formelle de lui faire à manger, à cette tyran. Le pauvre petit se sentait complètement perdu et prêt à tout pour qu’elle ne lui fasse pas de mal. Que cela porte atteinte au peu de fierté qu’il a ou à sa condition physique il s’en fichait, tant qu’il s’en sortait. En sortant des œufs, il les posa dans l’évier et reprit la poêle brûlante à deux mains avant de la brandir devant lui comme s’il s’agissait d’une batte de baseball. Faisant ainsi face à Ashley et croyant réussi à la menacer, il l’observa de la manière la plus courageuse qu’il put, mais aussi de la façon la plus hésitante. C’est tout juste si ses bras ne tremblaient pas. Il les gardait tendu comme si en même temps il voulait se tenir le plus éloigné possible de cet objet bouillant et chauffé à point depuis un moment déjà. Il avait une arme en main et plutôt que de s’approcher d’elle pour lui faire peur, il recula et se colla au frigo en la regardant, les sourcils froncés.
« S’il vous plaît allez-vous en… Ou bien ça va mal se passer. » lâcha-t-il d’une voix tremblante. Il déglutit aussitôt après, se demandant bien quelle folie pouvait le prendre pour commettre un acte aussi… inconscient ? Il savait que c’était totalement stupide, et que ça n’arrêterait certainement pas Ashley Nortlen. Cependant Jake tenait réellement à sa petite vie, aussi misérable soit-elle, et il avait une peur tellement atroce de cette femme qu’il était prêt à tout pour remporter sa toute première victoire sur elle, même si elle était infime, et même si elle le lui ferait regretter ensuite. Au moins, il croirait après avoir des chances de pouvoir prendre le dessus, un jour, dans une situation particulière… Car si à chaque fois elle faisait de lui ce qu’elle voulait, il risquait fort de se considérer comme le pauvre petit esclave peureux et soumis qu’il était déjà en train de devenir. Allez l’artiste, il faut se rebeller ! Il ne faut pas la laisser faire de lui son souffre-douleur, encore une fois ! Et ne surtout pas dessiner des choses pour elle qu’il regrettait toujours après. Le dessin le passionnait, mais il avait adopté une sorte de répulsion envers les esquisses d’armes ou d’instruments servant à faire le mal depuis qu’il avait connu Ashley Nortlen. Là encore, heureusement qu’elle n’était pas télépathe, et qu’elle ne pouvait pas clairement lire dans sa tête qu’il était bien incapable de frapper qui que ce soit avec une poêle, pas même elle… De toute manière il était bien incapable de frapper qui que ce soit, quelque soit l’objet qu’il tenait dans les mains et même s’il n’avait absolument rien sur lui. D’ailleurs, en parlant de ça, un long frisson parcouru toute son échine et il eut un petit mouvement d’épaule visible pour chasser tout ça. C’est qu’il était en caleçon, devant elle, et qu’il aurait quand même préféré avoir trois couches de pull ainsi qu’un manteau de laine épaisse pour mieux encaisser les coups qu’elle risquait de lui donner après lui avoir clairement fait comprendre qu’on ne s’opposait pas à elle. Il en venait presque à se dire « mon dieu, je lui oppose une résistance, c’est trop tard, je peux plus faire marche arrière et elle va me la faire bouffer, cette poêle ! ». De toute manière, sa bouche n’était pas assez grande.
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| | | Ashley Nortlen
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Messages : 290 Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Le bon et la truand [Ashley] Mer 19 Jan - 18:58 | |
| Il ne fallait pas croire que j’étais spécialiste en automobiles parce que je savais différencier un bon camion d’un tas de ferraille. Je restais une femme, en soi, et l’ensemble des véhicules ne créaient pas chez moi une euphorie et un intérêt indomptables. J’aimais les camions plus que les voitures, depuis toujours. Ils avaient quelque chose de plus, dans leur force apparente, peut-être. Cependant, je n’aimais pas tous les camions et je ne dédaignais pas les jolies voitures. Mes goûts étaient simples : sophistiqué ou sauvage. Mon camion était les deux. J’avais croisé ce Gillian, un soir, dans Financial District, et j’avais jugé sa voiture comme puissante et racée. Au moins, je n’étais pas la seule à avoir du goût dans cette ville. Mais ce mec aurait dû avoir un camion : les camions sont toujours mieux. J’étais plutôt douée en mécanique, mais ce n’était qu’un fait parmi tant d’autres et cela n’avait pas spécialement de lien avec mon amour pour mon camion. C’était simplement une aptitude de plus qui m’était nécessaire pour savoir me débrouiller en toute situation. Je savais que mon travail pouvait me mettre dans toutes sortes de problèmes et j’avais appris à me sortir d’environ n’importe quoi avant même d’être à la tête d’AN. Je savais, entre autres, piloter sommairement tous les types de véhicules, créer une bombe avec des articles ménagers d’apparence inoffensive, parler, lire et écrire une vingtaine de langues ainsi qu’une multitude d’autres petites choses très utiles. Aux yeux de certains, je paraissais invincible. J’aimais bien faire peur à tout le monde, mais je savais que j’avais quelques faiblesses. Je savais toutefois comment les faire disparaître de manières toujours très surprenantes. Et c’était sans compter mes pouvoirs magiques.
Après mon moment des plus ennuyants avec ces messieurs au camion si laid, j’avais décidé que je passerais manger chez mon souffre-douleur favori. En fait, il n’y avait aucune raison de spécifier qu’il était mon favori : il était le seul. Toutes les autres personnes qui suscitaient ma haine - et elles étaient très nombreuses – mouraient dans des délais plutôt brefs. Jake avait quelque chose de spécial que je ne pouvais pas décrire et qui m’empêchait, à toutes les fois, de lui foutre une balle entre les deux yeux. L’imaginer mort me dérangeait, sans que je ne puisse m’expliquer pourquoi, et il me semblait que je lui voulais encore plus de mal à chaque fois que cette réalité s’imposait à mon esprit. Qui était-il pour mériter ma clémence? Non, ce n’était pas de la compassion et encore moins de l’affection. Je le détestais encore plus que les autres, ces cadavres en sursis qui croisaient ma route pour finir morts de ma main. Il méritait pire qu’eux. Je m’étais convaincue que je finirais par le tuer mais, auparavant, il me fallait m’amuser avec lui. Jake était, en quelque sorte, mon jouet. Il n’existait que pour être MON souffre-douleur, et rien d’autre. Il n’était en ce monde que pour attendre, tremblant, que je daigne lui accorder mon attention pour lui faire du mal. Plus que sa souffrance, je recherchais sa peur. C’était cette dernière qui me comblait le plus. La douleur physique était beaucoup plus facile à créer, beaucoup moins jouissive. Elle restait néanmoins douce à répandre, extrêmement agréable à imposer à autrui. Seulement, le tourment psychologique que j’imposais à ce cher Jake était autrement plus vivifiant. Mon pouvoir d’empathie me permettait de mieux cerner ses émotions et je pouvais sentir émaner de lui une terreur délicieuse lorsqu’il me savait dans les parages. Parfois, je forçais un peu la peur de mes victimes, avec l’aide de la magie mais, avec Jake, la magie de la peur agissait d’elle-même. C’était tout simplement merveilleux.
Ma victime sembla tellement étonnée de me voir que j’eus presque peur d’assister à une crise cardiaque. Rien ni personne d’autre que moi ne serait responsable de la mort de Jake. La peur, notre invitée d’honneur, ne fut pas longue à arriver. Elle prit un siège très confortable à l’intérieur de mon souffre-douleur, bien décidée à rester installée à cette place de choix. J’adorais déjà le début de notre petite soirée à trois. Je caressai du bout des doigts le joli chat qui était avec moi sur le lit tout en me délectant de la terreur sourde qui grondait si près de moi. J’avais presque envie d’apaiser magiquement Jake, histoire qu’il se garde un peu de peur pour plus tard.
Un…monstre à l’intérieur de moi? Mais quel âge avait ce gamin? Douze ans? Ce genre de monstre devait bien exister quelque part, car la magie était bien réelle, mais l’idée que je puisse en contenir un était plutôt comique. Comme si quelque chose pouvait être plus horrible que moi. J’étais le monstre en lui-même et je me demandais si je devais en faire part à mon souffre-douleur, mais je décidai de continuer tranquillement à le lui prouver en le terrorisant jusqu’à la fin de sa minable vie.
« S’il vous plaît allez-vous en… Ou bien ça va mal se passer. »
Surtout, ne pas éclater de rire. C’était bien une poêle qu’il tenait en espérant me faire peur? Pauvre petit souffre-douleur. Il aurait bien pu tenir un bazooka que je n’aurais pas eu peur de lui. Jake était incapable de toute forme de violence. Je le soupçonnais même de ne pas applaudir, lors de spectacles, car cela impliquait de frapper dans ses mains. Je me levai du lit en tenant dans mes bras le chat, que je caressais doucement. Les sourcils levés et un sourire à la fois doux et carnassier plaqué au visage, je m’avançai très lentement vers Jake.
« C’est très mignon de ta part d’essayer de me faire rire un peu, mais je préférerais encore que tu cuisines. »
Une fois près de lui, je m’arrangeai pour tenir mon butin poilu d’une seule main et, de l’autre, je pris juste un peu trop doucement sa main qui tenait la poêle pour l’abaisser.
« Si tu veux, je peux t’aider. Tu as un très grand couteau? », ajoutai-je d’un ton qui sous-entendait que la viande que je voulais trancher avait intérêt à se dépêcher de me cuisiner quelque chose de potable.
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| | | Invité
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| Sujet: Re: Le bon et la truand [Ashley] Sam 4 Juin - 19:48 | |
| Au moins, il avait essayé. N’avez-vous jamais entendu parler de Jake le rebelle ? Ce n’était même pas le courage qui l’avait fait brandir sa poêle à frire toute chaude. C’était là le désespoir de finir coupé en rondelles, ce qu’il ressentait à chaque fois qu’il voyait cette femme. Cette créature immonde qui se dirigeait vers lui dans sa petite robe angélique, son visage angélique, ses gestes angéliques. Ô Dieu comme il aurait aimé échanger sa place avec celle de ce chat ! Au fur et à mesure qu’elle avançait vers lui, il poussa le réfrigérateur de son dos comme s’il souhaitait l’enfoncer davantage contre le mur. Ou plutôt comme s’il voulait plus que tout au monde devenir intangible et se fondre dans le frigo. Quitte à rester enfermé dans ce lieu froid, il préférait ça qu’avoir en face de lui Ashley Nortlen. Il espérait secrètement qu’elle le prenne au sérieux et qu’elle pense que lui, l’artiste pacifique, soit capable de l’assommer à coup de poêle. Mais ce qui était toujours très étonnant chez elle, c’est qu’elle semblait mieux que quiconque connaître Jake. Lorsqu’elle posa sa main sur celle de l’homme pour l’obliger à baisser son arme de fortune il fit plus que ça. Il la lâcha malencontreusement. Sur son pied. Si ses chaussons protégeaient admirablement bien ses pieds, les bords brûlants frottèrent contre son genou en chutant. Un cri de douleur suivi d’un mouvement de recul et il cogna son bassin contre son frigo en gémissant. Ouille ouille ouille, ça brûle ! Il chouina quelques secondes avant de ramasser l’arme et de la poser sur la table, n’ayant plus à l’esprit que l’idée de faire à manger pour ce monstre vorace sous peine de subir bien plus que cette plaque rouge qui se formait sur son genou et qui lui faisait mal.
Non seulement il ne savait pas cuisiner, se contentant de boîtes de conserves pour faire honneur à la catégorie d’artistes à laquelle il faisait partie, mais en plus il savait très bien qu’une folle comme cette tueuse allait se faire un plaisir de critiquer son art culinaire, même s’il avait été le meilleur du monde. « Ça ira, je… je vais le faire tout de suite. » bredouilla-t-il en se disant qu’une omelette, ça devrait suffire… Surtout qu’il n’avait pas un très grand étalage d’ingrédients culinaires. Et pour rien au monde il n’aurait pris quelque chose qui nécessite l’utilisation d’un couteau, même d’un couteau à beurre. Il n’allait certainement pas sortir quelque chose de tranchant en présence d’une déjantée pareille qui, au lieu de trancher la nourriture, allait s’amuser à lui crever un œil, lui couper un doigt ou quelque chose d’aussi horrible ! Et voilà encore l’artiste qui se rabaissait à faire tout ce que désirait ce truand à mamelles. Il n’espérait qu’une seule chose, qu’elle disparaisse. Qu’il n’ait plus à la redouter comme il le faisait maintenant. Il était bien parti pour foutre sa vie en l’air à cause d’elle, et il songeait sérieusement à aller terminer ses études ailleurs pour déménager et changer de ville. Quitte à revenir dans son taudis campagnard !
L’empoté avait presque de la sueur qui perlait sur son front alors qu’il laissait tomber des œufs dans la poêle qu’il avait remis sur le gaz. Il était à la fois perturbé par la proximité d’Ashley, qui s’était quand même bien rapproché en quelques secondes, mais aussi par ce qu’elle faisait au chat. Eh quoi, pourquoi elle ne le balançait pas ? Pourquoi elle ne lui tirait pas la queue ou les oreilles comme elle l’aurait fait avec n’importe quel humain ? Il ne put s’empêcher de penser qu’elle devait avoir un pêché mignons. Ou plusieurs même, et dans ce petit panier d’attentions il y aurait les minous ? Si seulement il pouvait être une de ces boules de poils, lui aussi ! D’un autre côté, voir cette nouvelle facette était pour lui comme une lueur d’espoir, une infime chance de sauver sa peau ou de faire la connaissance d’un cœur enfoui quelque part. Parce que oui, Jake était intimement persuadé que tout individu possédait du bon en lui. Et même s’il était terrorisé par le simple nom de cette femme, il était certain qu’elle devait FORCÉMENT posséder de bons côtés ! S’il pouvait réussir à s’immiscer ne serait-ce qu’un petit peu dans ses bons côtés, attirer une simple graine de sympathie, il en éprouverait un soulagement immense… Et c’est pourquoi, alors qu’il lançait quelques lardons dans son plat –qu’il a oublié de saler parce qu’il ne fait pas oublier qu’il est tête en l’air- , il risqua des paroles.
« Vous… aimez les chats ? Celui-ci s’appelle Nougat. Je l’ai.. euh.. dessiné. »
Si jamais ça fonctionnait, s’il pouvait engager une conversation simple et qui n’était pas basée sur des supplications émanant de lui, il se sentirait mieux. Mais bizarrement, après avoir fait sa tentative, il avait l’image d’une Ashley Nortlen lui empoignant les cheveux pour claquer la tête sur la poêle fumante, le nez dans le jaune d’œuf. Il frissonna à cette idée, se grondant intérieurement d’avoir des pensées saugrenues alors que, si ça se trouve, elle n’était pas si horrible que ça. Si ça se trouve. C’est toujours bon d’espérer.
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