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Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV]

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Cedrik Manners

Cedrik Manners

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MessageSujet: Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] EmptyMer 16 Déc - 15:56

[PV: Leah, Drake, Malcolm]

Cedrik avait essayé d'être heureux d'emménager dans sa résidence d'université. Vraiment, il avait essayé. Après tout, c'était son choix, ce qu'il désirait. Il allait étudier les sciences, seul domaine qui l'intéressait assez pour qu'il daigne accorder de l'attention à un professeur, dans une des meilleures universités des États-Unis. Il ne serait qu'un numéro parmi tant d'autres étudiants: il pourrait donc avoir la paix. De plus, s'il avait besoin de...lâcher prise, il n'aurait qu'à prendre l'autobus pour se rendre dans un quartier convenant à ses attentes personnelles. Tout était parfait.

Sauf vivre en résidence. Cedrik avait cherché par tous les moyens à trouver un endroit où il pourrait vivre seul mais, même avec ses revenus spécialement plus élevés que la moyenne, il ne pouvait pas se payer un appartement assez proche de l'université. Il devait donc vivre avec d'autres gens. C'était franchement désagréable. Même en ayant sa propre chambre, il serait obligé de les croiser et peut-être aussi de leur parler. Le jeune homme ne voulait pas parler. À personne. Parler rapprochait les gens et il n'était pas prêt à prendre ce risque, pas après tous ses efforts pour devenir aussi doué pour éviter les liens affectifs. Côtoyer des étudiants qui, comme la plupart des gens normaux, essaieraient de le connaître, n'emballait pas vraiment Cedrik. Avec le temps, il s'était habitué à sa solitude et il n'avait pas besoin qu'une autre personne vienne détruire tout son beau travail en essayant de l'aimer, le comprendre...Bref, tous les trucs positifs qu'il fuyait depuis qu'il avait quitté son père. Ce dernier le croyait d'ailleurs à l'autre bout du pays, en train de travailler sur un quelconque chantier de construction...comme si c'était son genre. Le physique plutôt délicat de Cedrik ne faisait pas de lui le candidat numéro un pour les travaux nécessitant de la force physique. Pour lui, un travail typiquement physique avait une signification bien différente...et jamais son père ne l'apprendrait.

Quand Cedrik entra avec toutes ses affaires (qui tenaient en un seul sac), il fut heureux de constater que personne n'était là. En cette fin d'après-midi, s'il n'était pas le premier arrivé, les autres personnes devaient affectionner de s'enfermer dans leurs chambres. C'était tant mieux. Le jeune homme alla déposer son sac dans sa chambre avec un air assez blasé, ce qui reflétait parfaitement son humeur. Puis, il se dirigea vers ce qui servait de salon à leur résidence pour s'installer confortablement sur le sofa. Il avait profondément envie de se barricader dans sa nouvelle antre, mais la curiosité de rencontrer ses colocataires avait été plus forte. Il avait besoin de les voir et de chercher ce qu'il pourrait détester chez eux. Ainsi, il serait plus facile de ne pas s'attacher à eux.

Le jeune homme sortit de sa veste un petit cahier noir tout usé et il commença à écrire. Il ne l'avait pas depuis vraiment longtemps, mais il le sortait tellement en tout lieu et toute occasion qu'il avait fini par lui donner un air ancien. Il y avait des années que Cedrik écrivait tout ce qui lui passait par la tête et, depuis, il avait passé des dizaines de cahiers, tous brûlés, page par page, dès qu'il terminait d'en noircir une feuille. Il n'y avait jamais d'histoires et, souvent, les phrases étaient décousues entre elles, mais l'important était le bien que le jeune homme tirait de ces mots qu'il libérait sur le papier. Ils étaient sa manière de crier sans déranger, de pleurer sans avoir honte de ses larmes...

*Encore ce maudit soleil qui vient m'irriter l'âme à travers les stores...Des rayons d'une douceur tranchante, d'une douleur chantante...Une impression de bonheur insolent qui se glisse entre les fentes, mais l'ombre ne disparaît pas... Noir, lumière, noir, lumière...noir. Une vie zébrée de bonheurs et de malheurs...Et si on ne pouvait sortir de la noirceur sans se brûler?*

Cedrik releva la tête en entendant une porte s'ouvrir et il referma son cahier. Il allait rencontrer un de ses collocataires et il se ferait un plaisir de tout de suite le détester. Le jeune homme laissa un de ses coins de lèvres se relever de lui-même. Son visage était bien entraîné à adopter un air sarcastique dès qu'une menace se faisait sentir. Et chaque nouvelle rencontre était un danger potentiel.
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MessageSujet: Re: Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] EmptyVen 1 Jan - 23:38

Leah était dégoutée. Elle était arrivée la première dans sa résidence, mais s’était vite enfermée dans sa chambre pour constater le désastre. Elle qui était habituée à vivre pratiquement seule, du moins reine et privilégiée, partagée entre une maison (manoir) de quatre étages, comportant une piscine et trois courts de tennis, et un luxueux appartement New-Yorkais, la perspective de passer les prochaines années dans un appartement qu’elle devrait partager avec trois autres personnes ne lui plaisait guère. Oui, elle adorait être entourée d’amis (admirateurs) et de connaissance (objets à utilité divers), mais pas dans son environnement personnel. De plus, le choix de ses colocataires avait été effectué par des ordinateurs dépourvus de logique et de sens du bon goût, elle pourrait donc tomber sur n’importe quoi.

À voir toutes les belles choses que pense Leah de sa nouvelle vie, vous pensez surement : Mais qu’est-ce qu’elle fait là?
Vous avez raison, c’est ridicule. Son père aurait eu les moyens, avec la paye d’une seule semaine de lui acheter 2 ou trois maisons ainsi que la voiture de luxe pour voyager, et je dis cela en exagérant que très peu. Je pourrais évoquer que la thérapie de Leah avait couté trop cher ou que la crise économique affectait gravement les finances familiales, mais ce serait faux. La seule raison valable à sa condamnation à une vie « normale » était que son père lui avait soumis un ultimatum très efficace. Afin d’user du peu d’autorité qu’il avait sur elle, il lui avait demandé de choisir : soit elle allait à l’université de son choix et habitait dans une résidence ou bien elle le suivait dans ses déplacements d’affaires et devait vivre avec lui. En lançant cette proposition, il savait parfaitement qu’elle partirait tout de même pour San Francisco, la perspective de vivre avec son père la répugnait depuis toujours et ils l’acceptaient très bien tous les deux.

Elle avait pris de temps de défaire ses valises et les cartons qui avaient déjà été livrés à la chambre avant son arrivée. Certaines choses manquaient, mais elle avait pris soin d’y remédier en demandant gentiment (en ordonnant) au chauffeur de taxi qui devait l’amener de l’aéroport au campus de s’arrêter à quelques boutiques. Elle entreprit donc de sortir ses achats en commençant par la bouteille rhum brun qu’elle cacha dans un de ses tiroirs, accompagnée de deux paquets de cigarettes menthol. Avant que quelqu’un hurle au scandale, Leah ne fume pas, pas sur une base régulière en tout cas. Malgré cela, elle trouve essentiel d’en posséder, juste au cas. En fait, la jeune fille n’a jamais été dépendante à quoi que ce soit, mise à part, peut-être, au luxe. Alcool, drogues, cigarettes étaient tous de beaux accessoires qui contribuaient à son image.

Malgré sa petitesse, la chambre restait potable avec son lit double, ses deux meubles de rangement et son bureau de travail. La décoration avait été agencée au gout de l’étudiante par l’employée qui avait livré ses cartons. Elle avait choisi des couleurs qu’elle voulait matures et impressionnantes, elle ne se contentait jamais de choses régulières et c’est pourquoi, dans sa chambre, régnait à présent le noir, le gris et le rose. Les deux premières teintes, sombres, imposantes, inspiraient un air grave et dur alors que le rose la rendait invitante et plus joyeuse. À la fois douce et provocante, adulte et enfant, joyeuse et infiniment triste. En somme, une parfaite représentation de Leah : une chambre, comment dirai-je… hypocrite.

Un rapide coup d’œil par la fenêtre lui dévoila une bonne partie du campus qu’elle habiterait désormais et Leah fût satisfaite de ce qu’elle y vît. À la fois moderne, riche et réputée, cette université se faisait prometteuse d’une vie sociale active et divertissante en plus d’une éducation recherchée, tout diplômé de cet établissement était très prisé des employeurs.

Alors qu’elle achevait de donner à cet espace l’allure d’une chambre reposante, elle avait entendu quelqu’un entrer dans l’appartement. Ça y était, le fameux moment qu’elle appréhendait et redoutait était enfin arrivé. Malgré cela, elle n’était pas pour se précipiter à la rencontre du nouveau venu, il pourrait s’imaginer qu’elle l’attendait et qu’elle pouvait être heureuse qu’il soit là. Elle préférait commencer une nouvelle relation de manière neutre et c’est pourquoi elle préféra terminer ce à quoi elle s’occupait depuis un moment déjà avant d’aller à la rencontre de « l’autre ». Une fois le dernier livre rangé, elle fit une pause devant le grand miroir qui tenait derrière sa porte et observa la jolie jeune fille qui la fixait. Satisfaite de son apparence, elle prit une respiration, tourna la poignée et pénétra dans l’air commun.

Elle repéra quelque chose sur le divan qu’elle détailla rapidement comme un jeune homme maigre, livide, sombre, mais tout de même joli, quoique très peu son genre. Il avait l’air très peu sociable, c’est pourquoi elle s’empressa de s’approcher. Elle aurait pu le laisser tranquille, mais elle tenait à ce que tout le monde sache qui elle était et surtout, elle tenait absolument à jauger ses nouveaux compagnons. Avant de s’assoir, elle planta sont regard droit dans le sien, replaça une mèche de ses longs cheveux, initia un léger sourire et se déposa doucement sur un coin du sofa voisin, de manière à rester à proximité de l’inconnu. Cette routine parfaitement calculée lui permettait de s’imposer et de provoquer tout homme qu’elle souhaitait aborder. Bien que cela puisse ressemble à de la séduction, ce n’en était pas vraiment, elle subjuguait plutôt, laissant l’autre confus et fasciné. Elle croisa sa jambe droite et releva légèrement la tête, ce qui lui donna un air subtilement supérieur et se présenta d’une voix douce, gentille et accueillante, en totale contradiction avec son attitude.


- Pardonne moi mon impolitesse, je serais venue te rencontrer avant, mais je souhaitais absolument terminer mon rangement avant, j'espère que ce n'est pas trop bisare pour toi.

En réalité, elle s'en fichait, mais il était hors de question qu'elle lui laisse savoir.

- Moi, c’est Leah, et toi?


Dernière édition par Leah Carere le Lun 18 Jan - 22:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] EmptyMar 12 Jan - 21:31

Allez savoir pourquoi, probablement simplement parce que l'université est un système complexe dont les différentes parties ne communiquent pas ensemble, mais tout, en rapport avec les résidences, avait été fait afin de fâcher M. Burton au maximum. Sa demande de résidence avait tout d'abord été refusée. Raison? Trop de tappage pendant la nuit. Ahahahahah! Très drôle. Ce n'était tout de même pas sa faute si a la dernière session d'université il avait été enfermé avec des jeunes pas tenables qui faisaient la fête la nuit et dormaient le jour. Drake avait même cru à des vampires. Il était donc allé voir le service de résidences pour aller se justifier et finalement, il reçu l'autorisation de vivre encore une fois en résidence à condition que personne ne se plaigne de, et je cite, ''son comportement dérangeant, vulgaire et inquiétant''.

Voilà qu'il avait enfin reçu son autorisation et que l'après-midi même, on l'appella pour l'informer de son nouveau numéro de chambre. La chose qui le choqua le plus sur le coup fût le fait que les personnes avec qui il avait demandé d'être n'étaient pas dans sa chambre, même pas dans sa résidence. Allez savoir pourquoi, on lui avait refusé ou on avait oublié sa demande quelque part trop loin. Ses valises étant déjà toutes déjà faites, il était simple pour lui de déménager maintenant. Il était très impatient de rencontrer ses nouveaux... colocataires. Étant quelqu'un de naturellement appréciable, il serait donc aimé de tous à tout coup! Il prit son sac à dos rempli de trucs, un sac dans sa main gauche et un autre dans sa main droite et sortit de son appartement-résidence.

Et voilà que ce qui l'avait choqué juste avant était disparut. Ce qu'il croyait comme étant détestable de la part de l'organisation des résidences était bien moins pire que cela. Sa nouvelle chambre se trouvait droit devant lui... là! La chambre d'en face. Ils le faisaient changer de chambre juste pour le faire suer ou quoi? Il avait dû tout défaire sa déco et devrait s'en refaire une autre juste en face à cause de des cons! Fou de rage, il repartit dans sa chambre, se remplit les bras de tous ses bagages et se rendit compte qu'il en avait beaucoup trop. Il les regarda longuement puis, lorsqu'il sentit le lien établi entre lui et les deux sacs qu'il ne pouvait prendre, il partit, les sacs le suivant derrière lui. Avant de traverser le corridor, il vérifia des deux côtés que personne ne pouvait le voir et travers rapidement, les sacs le suivant toujours comme deux chiens de poche. Il traversa la cuisine, jetant un coup d'oeil au salon et se dirigea vers une chambre à porte ouverte qui semblait inhabitée. Puis rendu dans un angle mort par rapport au salon, il s'arrêta net, puis recula, les sacs reculant eux aussi. Il regarda les deux étrangers droit dans les yeux, les yeux grands ouverts tant il était surpris de s'être fait prendre ainsi. Il fit un sourire nerveux puis partit vers la chambre, lâcha tous ses bagages sur le lit et revint chercher les deux sacs chien-de-poche qu'il avait laissé devant le salon afin de ne pas attirer les soupçons encore plus. Il les lança dans la chambre et se repprocha du salon, remarquant qu'il avait dérangé une conversation mais c'était normal la première journée.


-Bon, alors bonjour tout le monde, moi c'est Drake! Enchanté de vous rencontrer, j'espère qu'on va passer une belle année ensemble!

*Sinon on les enfermera dans leurs chambres, c'est tout. Espérons qu'il n'ont pas vu mon petit tour de magie...*

C'était plutôt utopique de penser qu'ils ne l'avaient pas remarqué, mais il espérait tout de même. Peut-être n'en parleraient-ils pas? Ou alors peut-être croyaient-ils avoir halluciner. Après tout, pour les humains réguliers, la magie comme celle-ci n'existe pas. Il est impossible d'user de télékinésie sans un truc.
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MessageSujet: Re: Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] EmptyLun 18 Jan - 23:31

[HJ: J'ai parlé à notre Malcolm d'amour et il va se faire attendre un peu. Donc on peut se faire quelques petites réponses en l'attendant joyeusement. On respecte quand même l'ordre Cedrik-Leah-Drake...et on s'adaptera à l'intégration de notre cher Malcolm.]

Cedrik avait l'habitude de cacher son cahier à...tout le monde. Seulement, cette fois-ci, il n'avait pas vraiment eu le temps de le mettre sous sa veste après avoir entendu une personne arriver. S'il l'avait caché, à ce moment-là, la personne en question l'aurait peut-être vu faire et le cahier aurait semblé très important. Par contre, en le laissant négligemment sur lui, le jeune homme donnait l'impression que c'était un cahier comme un autre, sans réel intérêt. Néanmoins, il avait pris la peine de le refermer rapidement. S'il fallait que quelqu'un tombe sur ces phrases pathétiques et douloureuses... Cedrik ne voulait pas que des gens essaient de le deviner et les mots qu'il crachait sur les pages du cahier noir étaient une excuse idéale pour tenter de le comprendre. C'est pourquoi il veillait consciencieusement à ce que personne n'ait accès à ce qu'il écrivait.

La personne qui était arrivée venait, visiblement, de sa chambre. Elle était donc arrivée avant Cedrik. Il s'agissait d'une fille très jolie au look presque calculé pour la mettre en valeur. Celle-ci n'hésita pas à regarder le jeune homme droit dans les yeux, ne manifestant aucune gêne à propos de cette nouvelle rencontre. Après avoir doucement replacé ses cheveux, armée d'un sourire subtil qui aurait fait fondre presque n'importe qui, la belle demoiselle prit place sur le sofa voisin de celui où était installé Cedrik. Même lui, qui préférait les hommes, était comme ensorcelé par l'allure de cette fille. Elle avait quelque chose d'hypnotisant, de merveilleux. Les gens normaux devaient se sentir bien en sa présence, totalement éblouis par la jeune femme, mais il y avait dans son attitude quelque chose qui rendait Cedrik un peu mal à l'aise. C'était comme s'il sentait un peu les épines de mensonges qui recouvraient la perfection de Leah. Toutefois, ce n'était qu'une impression, de fines caresses pointues sur sa conscience.


- Pardonne moi mon impolitesse, je serais venue te rencontrer avant, mais je souhaitais absolument terminer mon rangement avant, j'espère que ce n'est pas trop bizarre pour toi.

-Je comprends.


Le demi-sourire un peu sarcastique de Cedrik n'avait pas quitté son visage et ses yeux brillaient toujours d'une lueur de provocation. C'était très subtil, mais il défiait inconsciemment son interlocutrice, sans même savoir de quoi il la défiait.

- Moi, c’est Leah, et toi?

-Cedrik.


Moins il parlait, moins il semblait intéressant. Les gens inintéressants ont, généralement, la paix. Il allait tout de même ajouter un petit quelque chose, histoire de montrer qu'il n'était pas un attardé mental, quand une autre personne arriva. Celle-ci traversa rapidement la cuisine pour se rendre dans une chambre. Cette personne aurait pu avoir l'air follement normal, si ce n'avait été des deux sacs qui se tenaient étrangement derrière elle, comme s'ils la suivaient. D'ailleurs, les sacs revinrent dans la cuisine, suivis du jeune homme qui venait de passer. Ce dernier avait l'air très perturbé et c'était normal. Cedrik connaissait l'existence de la magie, mais il savait que celle-ci était inconnue de la plupart des gens. Être pris à transporter des sacs sans les toucher était donc assez stressant, puisqu'on risquait de bouleverser des gens ou d'être pris pour un phénomène de foire. Le phénomène en question revint d'ailleurs chercher les sacs restés à la vue de Leah et Cedrik pour aller les porter dans sa chambre. Le jeune homme allait poser les yeux sur son autre collocataire, pour vérifier si elle avait vu les sacs mouvants, mais l'autre mec arriva finalement dans le salon.

-Bon, alors bonjour tout le monde, moi c'est Drake! Enchanté de vous rencontrer, j'espère qu'on va passer une belle année ensemble!

Cedrik ne répondit pas. Il n'avait pas envie d'ouvrir une belle porte au nouveau venu qui lui indiquerait qu'il aurait le droit d'espérer être son ami. Il ne voulait pas d'amis. Cependant, il était curieux d'en apprendre plus sur l'étrange faculté que Drake avait laissé voir avec le truc des sacs. Malgré son aversion prononcé pour les relations humaines, Cedrik se sentait presque bien de savoir qu'une autre personne anormale se trouvait dans sa résidence. Toutefois, il ne pouvait pas parler de ce qu'il avait vu sans être sûr que Leah en avait aussi été témoin. Si la jeune femme n'avait rien remarqué, Cedrik ne tenait pas à ébruiter le secret de Drake. S'il y avait bien une chose que le jeune homme respectait, c'était bien les secrets des gens. Il lui en parlerait une autre fois, en privé. À moins que Leah en parle...

Cedrik fixa donc Drake sans rien dire, mais d'une manière qui ne laissait aucun doute sur le fait qu'il avait tout vu et qu'il savait qu'il n'avait rien imaginé. C'était un regard complice, mais étrangement menaçant.
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MessageSujet: Re: Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] EmptyVen 22 Jan - 0:57

Le jeune homme assis devant Leah n’avait rien de ceux qui l’intéressaient habituellement. Il faut toutefois mettre un bémol au fait qu’elle puisse s’intéresser à quelqu’un, en réalité, elle se forçait constamment à prendre soin de ne s’intéresser à personne suffisamment pour s’attacher. C’était une règle d’or qu’elle avait apprise jeune et qu’elle avait eu l’occasion de prouver à plusieurs reprises. Dans son cas, l’« intérêt » ne se prête pas au sens qu’on lui donne dans la vie de tous les jours. Pour la jeune fille, avoir de l’intérêt pour quelqu’un signifiait lui permettre, en utilisant le regard, le sourire, la gentillesse, de s’attarder à elle, tout ce que l’on attribuerait habituellement à la drague, mais Leah ne draguait pas. Elle n’en avait pas vraiment besoin ou du moins, ne s’attarderait jamais à cette bassesse ridicule. L’homme avait besoin de chasser et c’était tout à son honneur, car lorsqu’il s’avérait que celui-ci désirait Leah Carere, elle était loin d’offrir une proie facile.

Pour revenir à la chose devant Leah, il avait un petit quelque chose qui lui plaisait bien. Après s’être assise à ses côtés, elle avait pu remarquer l’expression de son visage, mi-impressionné, mi-provocant. Son regard n’était pas sincère et plutôt antipathique, elle adorait : enfin quelqu’un qui ne marcherait pas à ses pieds. Ceux-là n’étaient bons qu’à ça, suivre et admirer, sans aucune opinion personnelle, il n’y avait aucun défit, aucune motivation à leur parler. De plus, le jeune homme, Cedrick apparemment, n’était pas bavard et parlait pour dire des choses indispensables. Un autre point en sa faveur, il ne chercherait pas la compagnie de Leah à tout prix, peut-être même qu’elle devrait mériter ses conversations avec lui…

Si la jeune femme avait été, jusqu’à présent très attentive à son nouveau colocataire, cette attention se transposa sur l’homme qui venait d’entrer. *Désolé Cedrik, tu as manqué ta chance, celui-là est bien mieux.* Alors qu’elle le détaillait rapidement, elle vit autre chose que l’homme. En effet, il y avait l’homme, et ses sacs. Et nous ne parlons pas de ceux qu’il pouvait tenir dans ces mains, ceux-là ne sont pas dignes de mention, bien trop ordinaires. Non, ici nous parlons de ceux qui traînaient derrière lui, suivant chacun de ses pas. C’était quelque chose de bien plus intéressant et surtout, divertissant.

Alors, Monsieur pouvait trimbaler des choses par la pensée? Ce n’est point normal ça! Et c’est là que le pouvoir de Leah devenait particulièrement plaisant. Se concentrant légèrement, elle put deviner le malaise qui envahissait le nouveau venu. Il ne devait pas être content du tout de s’être fait prendre. Elle pourrait peut-être le faire chanter avec ça un de ces jours. En parlant de cela, elle se souvint qu’ils n’étaient pas que tous les deux dans cette pièce. L’autre y était toujours et avait probablement remarqué aussi, ce qui devenait bien intéressant. La jeune femme s’attarda alors sur ses pensées à lui, espérant y trouver de la frayeur, du stress, de la panique ou peut-être même de la folie? Peut importe ce à quoi elle s’attendait, elle n’en trouva rien dans son état d’esprit. Il pouvait peut-être l’avoir raté, mais depuis que Drake avait parlé, Cedrik le regardait fixement, sans toutefois prononcer un mot ce qui laissait deviner qu’il avait tout vu. Peut- être que ses deux colocs étaient anormaux? Voilà qui était très impressionnant. Elle n’en avait pourtant rencontré qu’un seul autre de son âge dans sa vie, il y a de cela bien longtemps. Elle en avait déduit qu’ils n’étaient pas les deux seuls, mais ignorait les possibilités et les diversités de pouvoirs. Elle espérait bien découvrir un jour ce qui rendait Cedrik imperméable à la surprise d’une telle révélation, son pouvoir pouvait être totalement différent des leurs, s’il s’avérait, bien entendu, qu’il en possède un. Malgré cela, étant presque certaine de ce qu’elle avançait, elle aurait pu en parler ouvertement, mais se retint. En parler l’aurait forcé à avouer son propre don, mais celui-ci était bien plus précieux lorsque personne n’était au courant. Elle décida donc de faire celle qui n’avait rien vu, du moins devant Cedrik. Elle pourrait, à temps perdu, discuter aisément de son don avec Drake et pourrait prétexter connaître l’existence des phénomènes paranormaux de par sa mère qui possédait un quelconque pouvoir, ce qui ne consisterait même pas en un mensonge.

Cedrik qui, d’ailleurs, n’avait toujours prononcé aucun son. La jeune femme se sacrifia donc pour leur honneur à tous les deux. Oui, Drake faisait bouger ses sacs, mais Cedrik et Leah n’étaient pas des zombies et si lui n’en revenait pas, elle, ferait quelque chose. Elle s’avança de manière à être bien droite sur le bout du divan et le regarda dans les yeux.


-Salut Drake, je suis très heureuse de te rencontrer aussi, moi c’est Leah et… Et elle hésita. Ce n’était pas du tout son genre d’introduire les autres, de faire les présentations et de sortir les autres du pétrin, mais cette fois-ci était différente, ça lui était venu tout naturellement. Ne pouvant plus reculer elle continua donc sur sa lancée.
-Et lui, c’est Cedrik. Si tu veux, viens t’assoir, histoire de faire connaissance.


Armée d’un sourire presque franc elle tapotait doucement la place à côté d’elle, invitant ainsi le nouvel intrus à tomber dans ses filets.
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MessageSujet: Re: Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] EmptySam 6 Fév - 1:26

Évidemment que celui-là était bien mieux, qui ne l'aurait pas remarqué? Vous avez le choix entre Cedrik et Drake et vous oseriez prendre Cedrik? Non mais, le genre solitaire, probablement un peu Emo, à tendance paranoïaque ou alors le bel homme, carrure d'ex-footballeur, beaucoup trop charmant, sociable, sympathique et CHALEUReux; qui voudrait du premier type? Il faisait presque pitié à côté de lui, physiquement du moins. Peut-être psychologiquement était-il plus fort, mais qui se soucie vraiment de l'intérieur. «C'est la beauté intérieur qui compte»: mon cul ouais!

Il avait fait son apparition tel une mauvaise immitation de Charlie Chaplin, passant tout d'abord devant le regard des gens, gens beaucoup trop pressés de le rencontrer, pour ensuite reculer absolument non subtilement pour se faire croire à lui même que ses nouveaux collègues de chambre n'avaient rien vu de son petit manège. Avec un peu de chance, peut-être croieraient-ils à un tour de magie régulier, comme les magiciens, pour faire une entrée remarquée et imposer sa clownerie dès le début, mais non, ce tour de magie n'était malheureusement pas assez truqué, tellement pas que les sacs qui le suivaient avaient reculé quand lui avait reculé.

Son imitation continua jusqu'à dépasser l'excès, laissant Drake revenir pour aller chercher les sacs qui ne le suivaient plus. Il ne voulait pas laisser trop de chances aux autres de découvrir son petit secret, ou du moins, ne pas leur en donner encore plus la chance si ce n'était pas encore assez clair. Il fit ce qu'il avait à faire dans sa chambre rapidement, presque enthousiaste à retrouver ses nouveaux compagnons. Il remarqua plutôt rapidement la femme à la silhouette de mannequin, beaucoup trop mince à son goût. Elle lui inspirait ce petit sentiment de dégoût, cette anorexie était frappante. *Tu sais, la poutine ce serait peut-être bon pour toi*. Et puis l'autre, le mec. De quoi avait-il l'air aux yeux de Drake? Eh bien, de... de pas grand choses en fait. Il semblait essayer de croire quelque chose, peut-être qu'il était supérieur au nouvel arrivant, mais cela semblait si superflux, non véritable. S'il voulait se faire passer pour inintéressant, il réussissait très bien jusqu'à maintenant. Le regard de Cedrik pesa légèrement sur les épaules de Drake pour quelques secondes alors qu'il essayait de tout comprendre. Ce regard voulait-il dire qu'il était lui aussi anormal, qu'il avait tout vu, qu'il connaissait déjà la magie auparavant, ou toutes ces réponses? Rien n'était sûr pour l'instant, il ne soutint donc pas plus longtemps le regard du collocataire.

Question de laisser passer le sujet 'Drake déplace les choses étrangement sans les toucher', la fille tenta de reprendre la discussion après que Drake eut fait son arrivée officielle dans le salon. Elle se présenta en premier, naturellement. Il l'avait deviné, elle n'était pas du genre à laisser les autres passer avant elle, même si cela ne respectait pas le code du 'respect des autres'. Une chose était certaine, elle possédait assurément un chandail sur lequel était marqué ''Fuck ton ex, I'm the next' dans sa garde-robe. Sinon, c'était écrit dans son front. Elle n'était pas une traînée mais désirait énormément qu'on la regarde, malheureusement pour elle, elle n'aurait pas cette chance avec Drake.


-Si tu veux, viens t’assoir, histoire de faire connaissance

La fausse attitude posée de la fille ne laissa aucun doute. Elle voulait plus que tout qu'il vienne s'assoir près d'elle, pour une raison qu'il connaissait bien. Elle ne voulait rien de faveur ou quoi que ce soit, elle voulait le confronter et en le poussant à venir à côté d'elle, elle aurait cette opportunité trop facilement. Si elle voulait jouer, elle le pourrait, mais elle aurait un adversaire de taille. La regardant droit dans les yeux, il s'approcha d'elle, il semblait prêt à s'assoir juste où elle venait de tapoter mais son chemin dévia naturellement vers l'autre sofa sur lequel il put s'assoir confortablement, le regard directement dans celui de Leah.

-Alors, vous étudiez dans quoi? L'art? Puis, déviant son regard directement vers celui de Leah 'Ou le droit peut-être?'

Il l'avait remarqué facilement, elle avait le profil type de la faculté. Si elle n'était pas en droit, elle n'avait rien à faire ici. Elle ne cordait que dans cela, puisque le mannequina ne faisait pas partie des choix de l'université. Par contre, pour Cédrik, c'était plus compliqué. Il ne laissait rien parraître et son attitude de loup solitaire ne laissait pas grand choix à Drake. L'art lui allait bien, tant que c'était de la peinture ou quelque chose du genre. Ou alors les langues peut-être, tant que son futur emploi se trouve discrètement derrière un bureau. Il leur laissa le temps de répondre pour ajouter à son tour son commentaire.

-'Moi, j'étudie les sciences sociales, plus particulièrement les relations humaines. Je me spécialise dans l'intracommunication et aussi' Regardant Cedrik 'Le non-verbal. J'apprends à le déchiffrer du mieux qu'il est possible. Mais n'allez pas me demander ce que je vais faire de ma vie avec cela, ça c'est trop ambigüe!'

Il termina sa phrase sur une note plus humoristique, comme si l'accusation qu'il venait de porter envers Cedrik n'avait aucune importance.
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Malcolm Gillian

Malcolm Gillian

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Antisocial et antipathique

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MessageSujet: Re: Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] EmptyJeu 11 Fév - 14:50

Malcolm trainait sa grosse valise sur roulettes de sa main gauche ainsi que son sac de sport et son sac à dos sur la même épaule, la droite, en regardant sa petite sœur Kelly s’éloigner de lui et se diriger vers sa faculté, sa résidence, sa vie… Cela faisait étrange à Malcolm d’être à la même école que sa sœur, il avait perdu l’habitude avec tout ce qui s’était produit entre ses parents et sa sœur. Il ne croyait pas possible que Kelly Gillian puisse revenir vivre une vraie vie. En fait, il pensait pouvoir vivre une nouvelle vie en commençant sa vie d’universitaire, mais il devrait continuer de jouer son rôle habituel jusqu’à la fin de ses études. Il ne pouvait pas retirer son masque si sa sœur était dans les parages, il avait sa réputation et sa contenance travaillés tous les deux depuis si longtemps… Même si tout ce manège l’épuisait un peu, il continuait de l’amuser. Au fond de lui, il adorait traiter les autres de haut et encore plus regarder leurs petites tronches ignobles et faibles se décomposer en une espèce de simili-sourire-grimace sous l’effet de sa supériorité. Il avait hâte de commencer l’année scolaire seulement pour pouvoir recommencer son règne de suprématie.

Si tout son bagage n’avait pas été aussi lourd, il serait probablement allé se promener sur le campus pour attendre qu’il soit très tard et que ses camarades de résidences soient enfin couchés. Cela lui éviterait donc de se présenter et de faire comme si leur présences de le dégoutait pas. Malheureusement pour lui, son épaule commençait déjà à l’élancer un peu trop bizarrement. Il ne voulait pas, ne pouvait pas et ne devait pas se blesser. C’était vital pour lui. Il devait pouvoir continuer à s’entrainer autant, il devait avoir cet exutoire dans lequel passer toute sa rage, sa peine, sa rancœur et son mal de vivre pour ainsi pouvoir continuer de bien jouer son jeu du gars au-dessus de ses affaires. Il savait qu’il avait raison d’être fendant sur plusieurs points, mais devait travailler plus fort sur certains. Lorsqu’il levait des poids et altères ou qu’il courait, il ne pensait à rien d’autre et cela lui était nécessaire. C’est donc presqu’à reculons que Malcolm se dirigea vers sa résidence. *Avec un peu de chance, je serai le premier arrivé…* Dans le couloir, menant à son appartement, il entendait les autres étudiants parler, s’amuser, socialiser et cela lui donna la nausée. Il était sur le point de pousser la porte de ce qui constituait être sa résidence, mais pris quelques secondes pour écouter ce qui se passait à l’intérieur. Il eut un frisson de dégoût car il entendait des gens parler à l’intérieur, il n’était donc pas le premier arrivé et devrait faire de son mieux pour socialiser avec eux. Il prit une grande respiration et ouvrit la porte. Il essaya de voir s’il ne pourrait pas les esquiver et aller dans sa chambre sans que tout le monde le voit, mais il se rendit vite compte que c’était impossible. Il devait absolument passer devant le salon pour se rendre à sa chambre. Il ferma les yeux et murmura une liste assez longue de jurons, puis reprit sa contenance. Il leva légèrement les sourcils et leva à peine un côté de sa bouche, ce qui lui donnait l’air d’un vrai fendant, son air habituel quoi!

Une fois dans le salon, il fit un rapide tour de ces colocataires. Il y avait trois personnes présentes, un jeune homme assis sur un sofa, un autre sur un sofa différent ainsi qu’une jeune fille sur le même. Le premier qui attira son attention fut le jeune homme seul sur le sofa, il avait une tronche de gars qui devait bien plaire aux jeunes demoiselles et il sembla à Malcolm qu’il tentait d’être positif malgré toutes les douleurs que la vie lui avait infligées. *Aucun intérêt, un type pathétique. Tout droit sorti d'un mauvais mélodrame, comme tous les autres…* Il regarda ensuite la jeune fille sur l’autre sofa. Une lueur d’horreur et de panique passa dans ses grands yeux bleu-gris. *Leah Carere…* Il connaissait cette fille et aurait préféré ne jamais la revoir. En fait, il croyait s’en être débarrassé la dernière fois qu’ils s’étaient vus. *MERDE!* Il devait faire comme s’il ne le reconnaissait pas, c’était le seul moyen. Il regarda ensuite la dernière personne présente dans la résidence et n’aima pas sa première impression. Selon son instinct et à en juger par ses quelques manies, l’autre jeune homme devait être gai. Non pas que ça soit si évident que cela, mais Malcolm les détestait tellement qu’il avait réussi à aiguiser son sixième sens pour pouvoir les repérer et se tenir loin. *J’espère qu’il ne tentera rien avec moi… Beurk!* La petite moue dégoutée qui s’était pointée sur son visage presque naturellement en regardant le gai de service s’effaca, elle aussi, pour faire place à un grand sourire hypocrite.


-Bonjour tout le monde! Je vais porter mes trucs dans ma chambre et je reviens.

Dans sa chambre, il prit plusieurs grandes respirations. Il avait bien peur de ce que ferait Leah et ne voulait pas apprendre à connaitre les autres. Il pensa ne jamais retourner au salon, mais son côté petit garçon bien élevé et surtout le côté de sa personnalité qui recherchait le respect et la reconnaissance des autres le poussa à retourner avec les autres, pour respecter sa propre parole. Il reprit sa contenance et, surtout, son air de fendant et se rendit au salon. Il décida de rester debout, ce serait alors plus facile de se sauver à la course pour aller s’Enfermer dans sa chambre ou encore pour fuir carrément l’appartement…

-Je suis Malcolm Gillian. Heureux de faire votre connaissance, je sens qu’on va bien s’amuser! Alors, vous parliez de quoi?

La fin de sa phrase semblait si amicale pour un œil extérieur, mais Malcolm était le seul à savoir de quel type d’amusement il parlait...
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Cedrik Manners

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MessageSujet: Re: Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] EmptyDim 28 Fév - 23:23

[HJ: Je vous aime. Donc Malcolm est là, ce qui donne cet ordre: Moi, Leah, Drake, Malcolm. On ne vole pas de tour. ;)]
[HJ: Et je m'excuse. Pas mon meilleur.]

Cedrik n'avait pas mis beaucoup de temps à mémoriser chaque détail de l'apparence de Drake, un peu comme il l'avait fait avec Leah, quelques instants plus tôt, mais avec plus d'intérêt. L'autre jeune homme avait un physique à rendre quiconque attiré par les hommes un peu légume. Il était en plein le genre de mec que Cedrik trouvait agréable à regarder. Seulement, il ne ferait que le regarder; pas plus. Même si Drake avait aimé les hommes (ce dont Cedrik doutait vraiment), il aurait eu droit au même traitement que les autres: une distance sécuritaire et froide. Le jeune homme ne pouvait pas risquer de s'attacher à une personne, même un simple ami, car il savait sa particularité trop étrange pour être comprise. Être un danger de mort n'était pas facile à gérer et Cedrik ne voulait pas imposer ce genre de secret à une autre personne. S'il se rapprochait d'une personne, il serait obligé de finir par lui avouer son pouvoir pour lui expliquer pourquoi elle devait rester assez loin de lui physiquement.

Avec Leah, Cedrik sentait que la distance serait plus difficile à garder qu'avec son autre collocataire. La jeune femme était fascinante et intrigante. Elle lui donnait envie de la connaître, de comprendre qui elle était. Il était rare que les gens aient cet effet sur lui et Cedrik, s'il en était vaguement conscient, en était également étonné. Il peinait presque à trouver comment la détester alors qu'avec Drake, les raisons venaient toutes seules. Son sourire ressemblait trop aux moues calculées des acteurs populaires et son apparente joie d'être avec eux était ridicule. Drake était beau, mais vide de tout intérêt. Bien sûr, cette opinion était gratuite et à peine fondée, mais Cedrik avait décidé de s'y tenir parce que c'était plus simple ainsi. Il pouvait déjà mépriser l'autre jeune homme.


-Salut Drake, je suis très heureuse de te rencontrer aussi, moi c’est Leah et…

Cedrik détourna les yeux vers la jeune femme, se demandant si elle oserait questionner le nouveau venu sur son étrange faculté. Au fond, elle avait peut-être vu les sacs un peu trop actifs.

-Et lui, c’est Cedrik.

Le jeune homme leva un sourcil, incertain que Leah venait vraiment de le présenter. C'était presque gentil de sa part...Presque, si on oubliait que son intervention montrait Cedrik comme une personne plutôt incompétante dans les relations humaines. Il faillit prendre la parole, d'un ton froid et hautain, pour signifier à la jeune femme qu'il était assez grand pour se présenter lui-même, mais il se retint. Au fond, ne rien dire lui donnait l'air d'un petit snob qui n'avait rien à faire de Drake. C'était parfait.

-Si tu veux, viens t’asseoir, histoire de faire connaissance.

Cedrik eut un très subtil rictus sarcastique. Il allait avoir droit à la super discussion de collocataires d'université et il ne pourrait s'enfuir avant d'avoir répondu à toutes les questions imbéciles d'usage, au risque de trop attirer l'attention.

-Alors, vous étudiez dans quoi? L'art? Ou le droit peut-être?

Un peu plus et Cedrik plantait ses ongles dans ses yeux pour les empêcher de se lever d'eux-mêmes vers le plafond. Ce Drake le prenait pour un artiste, comme tant d'autres, avant même de le connaître. Il suffisait d'avoir un air un peu sombre, un corps maigre du style de ceux qui oublient de manger et, pourquoi pas, un petit cahier noir pour s'attirer ce genre de réflexions. Les artistes étaient-ils donc tous semblables? Cedrik se savait trop réaliste, trop conscient des vérités crues et laides pour être de ceux qui imaginent, qui créent des moyens d'émouvoir les gens. L'art était tellement inutile, au fond. Il ne pouvait pas ramener ceux qui étaient morts à cause de Cedrik et il ne pourrait certainement pas le guérir. La science restait son seul espoir. Un mince fil d'or qui menaçait de se ternir au fil des années.

-J'étudie en sciences.

C'était bien le seul domaine qui lui fournissait assez de motivation pour qu'il se rende à ses cours toute l'année. Il ne l'intéressait pas vraiment, en dehors des possibilités de trouver de quoi il était atteint et de comment se débarrasser de sa maladie. Cedrik n'était pas vraiment passionné par les sciences; elles lui semblaient utiles, simplement. À vrai dire, le jeune homme ne se sentait passionné par rien en particulier. Parfois, il se percevait comme un météorite lancé à toute vitesse, tournoyant sans but et finissant toujours par détruire et blesser. Il n'y avait aucune grande lumière vers laquelle il pouvait s'orienter, ni même une petite étoile pour l'empêcher de sombrer, la nuit. Cedrik n'était animé que d'une étrange et puissante envie de vivre malgré tout, d'être plus fort que toute cette douleur qui attendrait toujours qu'il se laisse disparaître derrière elle.

-Moi, j'étudie les sciences sociales, plus particulièrement les relations humaines. Je me spécialise dans l'intracommunication et aussi le non-verbal. J'apprends à le déchiffrer du mieux qu'il est possible. Mais n'allez pas me demander ce que je vais faire de ma vie avec cela, ça c'est trop ambigu!

Pensait-il avoir atteint Cedrik en lui adressant juste assez subtilement cette remarque? Il avait à peine effleuré son indifférence. Le jeune homme ne daigna même pas relever les paroles de Drake, tellement il s'en moquait. De toute façon, son attention fut vite retenue par un autre spécimen de foire.

Cedrik avait beau jouer à celui qui se fichait éperduement de tout, il restait le genre de personne à tout voir et tout entendre ce qui se passait autour de lui. Ainsi, il vit Malcolm arriver même s'il était en pleine tentative de non-conversation avec Drake et Leah. Il ne le regarda pas directement, préférant l'observer avec plus de subtilité en feignant d'être absorbé par la petite scène à trois avec ses deux autres colocataires.

Un corps parfait, une gueule à passer à la télé... Encore un que Cedrik peinerait à ne pas trop regarder! En plus, il avait ce petit air tellement faux que le jeune homme appréciait presque. Il ne lui restait qu'à espérer qu'il ne soit pas trop intéressant. Sinon, il faudrait beaucoup d'efforts à Cedrik pour s'isoler de ses colocataires.

Le nouvel arrivant sembla passablement perturbé en voyant Leah. Quelle pouvait être la raison de cet affolement silencieux? Cedrik essaya d'endormir sa curiosité à coups d'indifférence, mais il était déjà intéressé à savoir ce qui liait les deux jeunes personnes. De plus, l'autre jeune homme laissa un air étrangement dégoûté envahir son visage, pendant quelques secondes. Cedrik aurait juré qu'il était la cause de cette aversion. Pourtant, il n'avait rien fait. Enfin, pour le moment.


-Bonjour tout le monde! Je vais porter mes trucs dans ma chambre et je reviens.

Sourire parfait. Ton parfait. Assurance parfaite. On aurait dit qu'il n'avait même pas à réfléchir pour avoir la note juste sur tout.

-Je suis Malcolm Gillian. Heureux de faire votre connaissance, je sens qu’on va bien s’amuser! Alors, vous parliez de quoi?

Toujours aussi impeccable. Cedrik eut un air vaguement écoeuré qui ne dura que trois secondes, car il se reprit. Ne pas attirer l'attention. Il devait calmer ses envies de provocation, surtout s'il ne connaissait pas ces gens et encore plus en sachant qu'il devrait les endurer pendant très, trop, longtemps. Il décida donc de parler avant les deux autres, histoire de perdre son titre de grand silencieux, puisque ceux qui ne parlaient pas étaient toujours ceux qu'on avait envie de faire parler. Et Cedrik voulait qu'on le laisse se taire.

-Drake jouait à deviner nos domaines d'études.

Son ton était mi-amusé mi-ennuyé, comme si le jeune homme voulait souligner à quel point ces futilités le dépassaient. Au fond, c'était seulement pour bien mettre en évidence ce snobisme qu'il adorait adopter.

-Au fait, moi c'est Cedrik.

Pas de sourire invitant et, surtout, aucune main tendue. Le ton était un peu las. Il y avait des limites à ne pas se montrer trop asocial. Cedrik serra un peu plus ses bras sur son cahier en espérant pouvoir s'éclipser au plus vite. Il avait envie de changer de dimension...
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MessageSujet: Re: Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] EmptyLun 8 Mar - 0:59

[HJ : Leah change de couleur d’écriture, le rouge lui va bien mieux non?]
[HJ :Je suis désolée Cedrik, Leah est si méchante, mais elle ne peut tout de même pas t’aimer tout de suite, c’est tellement contre tous ses principes. Je suis certaine que tu comprends :P ]


Seule. On n’est jamais si seul que parmi des inconnus. Certaines personnes foncent de manière à ce que cette solitude disparaisse ou se camoufle derrière les efforts, alors que d’autre la laisse les transpercer et se construisent un mur très difficile à franchir. Si Leah et Drake se trouvaient probablement dans la première catégorie, Cedrik devait être dans la deuxième, mais au fond, peut importe la façon d’affronter cette solitude, le fait persiste qu’elle existe et rend les nouvelles rencontres très difficiles. Pour Leah, aussi facile que cela pouvait être d’aborder les gens, les relations restaient toujours superficielles et accessoires, approfondir ne rendrait les choses que plus compliquées. Si elle avait déjà réussi à avoir de belles amitiés et à avoir confiance en l’humanité, cette époque et révolue, on lui a prouvé de trop nombreuses fois que s’attacher risquait de provoquer des larmes difficiles à contenir.

Maintenant les relations et les interactions de Leah envers les autres ressemblaient plus à des défis qu’à des promesses d’amitiés. Comme dans un jeu d’échec géant où la stratégie est de mise. Au moment de regarder Drake dans les yeux pour ainsi l’inviter à s’assoir près d’elle, elle essayait de deviner son prochain coup, elle plaçait de grands espoirs en lui. Il semblait différent et elle souhaitait qu’il le soit. Elle ne voulait pas le voir ramper à ses pieds au moindre sourire, s’il souhaitait se donner de grands airs, qu’il les assume. Mais au moment où elle le vit se diriger vers elle, une grande déception la submergea : il était comme tous les autres, faibles et lâche, incapable de tenir tête à une fille qui posséderait un tant soit peu de charmes, tellement faciles à mettre en échec, si prévisible. Elle aurait aimé qu’il la surprenne, déjoue ses plans. Elle avait vraiment cru qu’il lui opposerait une petite résistance, il semblait différent et plus il s’approchait, plus, inconsciemment, la jeune femme voulait qu’il s’éloigne. Elle était tannée de la facilité et trouvait très dommage de devoir passer l’année avec des moutons, de passer l’année à gagner.

Alors qu’il ne restait qu’un pas ou deux au jeune homme pour atteindre la case échec et mat, il bifurqua vers l’autre divan pour adopter une position bien plus sure, il voulait jouer avec elle. Si elle voulait gagner, elle devrait le mériter, il avait passé le test et lui, méritait maintenant qu’elle lui offre de l’attention. Dès qu’il fut assis devant elle il planta son regard dans le sien l’air de la défier. Leah avait peut-être trouvé un joueur digne d’elle après tout. Elle soutint son regard, un presque sourire se dessinant sur son visage pour lui signifier que la partie était loin d’être terminée.


-Alors, vous étudiez dans quoi?Jusque-là, la question était légitime, normale même, puisqu’ils étaient là pour étudier. C’était naturel qu’il pose la question et même si elle n’y avait pas pensé jusqu’alors, la jeune femme était bien curieuse de savoir la réponse concernant Cedrik. L'art? Ou le droit peut-être?

Il avait planté son regard droit dans le sien et pour une des rares fois de sa vie, Leah fût réellement prise au dépourvu. À ce moment-là, elle se mit à douter qu’il pût posséder plus d’une stratégie dans son jeu, l’idée qu’il puisse lire dans les pensées n’était pas totalement farfelue et si tel était le cas, cette situation était extrêmement dangereuse. La jeune femme n’était pas habituée à côtoyer d’autres personnes pourvues de pouvoir, le dernier étant Jeremy, il y a de cela bien des années, et se retrouver face à Drake la perturbait. Elle ignorait s’il était réellement possible de posséder plusieurs dons, mais si il s’agissait bien de son cas, il devenait décidément bien trop important. Un seule chose était claire à présent, elle devrait le surveiller de très près, ses chers petits secrets étant bien trop précieux pour risquer de les faire exposer sur la place publique par son nouveau coloc : elle devrait donc faire en sorte de prévoir plusieurs coups à l’avance si elle souhaitait posséder l’avantage.

La réponse de Cedrik vint démentir cette supposition puisqu’apparemment, le jeune homme s’était trompé sur son compte. Il n’étudiait pas les arts, mais la science, ce qui lui allait plutôt bien. Elle l’imaginait facilement dans un labo, conversant avec des éprouvettes. Par contre, cette découverte n’améliorait pas sa situation. Si, comme cette erreur le laissait présager, Drake ne s’était fié qu’à son instinct pour la deviner, il était loin d’être moins dangereux. Peut-être même l’était-il plus, elle n’avait pas l’habitude qu’on lise en elle ainsi. Elle devrait redoubler de prudence avec lui, raffiner son jeu pour le lui cacher jusqu’au tout dernier instant, car cette fois-ci, il avait deviné juste. Elle était en droit. Et bien que ce choix fût grandement influencé par son paternel, c’était un domaine qui lui seyait bien, encadré, strict, hypocrite… Où la vérité est faite de demi-mensonges et la culpabilité avancée par des preuves manipulables. Naturellement, Leah se destinait au droit criminel, elle aurait été complètement ridicule en notariat ou droit de la famille. Elle voulait plaider des causes dangereuses, faire face au défi et gagner beaucoup d’argent, cela va de soit. En effet, elle devrait un jour cesser de dépendre de la fortune familiale et comme il était hors de question qu’elle dépende d’un mari, elle comptait bien sur son petit don personnel pour agrandir sa renommée.

Elle ne répondit à Drake que par un regard mauvais. Elle détestait la position dans laquelle elle se trouvait, elle se sentait presque manipulée, manipulable. Elle avait l’impression d’être à la merci de cet étranger, une victime potentielle. Elle l’avait tellement sous-estimé. Avec l’aplomb qu’avait manifesté Drake pour se présenter après son petit tour de passe-passe, Leah ne fût nullement surprise d’apprendre qu’il était en sciences sociales. L’intracommunication, le non verbal… décidément, il s’intéressait à beaucoup trop de choses. Si tout en Leah semblait parfaitement calculé : émotions, actions, clignement de l’œil, pour une personne avertie cela pouvait trahir bien des choses. Si elle était rassurée de lui trouver d’autres raisons que la télékinésie pour avoir deviné ses pensées, elle le trouvait bien intrigant et se concentrerait à le percer à jour.


Alors qu’il parlait, son regard restait planté sur lui, sans être trop insistant et ne fût détournée que par la porte qui claquait. Elle pourrait enfin dresser un portrait juste de sa future vie universitaire, son dernier colocataire venant de pénétrer dans l’appartement. Après un rapide examen du nouveau, son verdict fût immédiatement clair : un enfer. Elle allait vivre l’enfer. Une vision angoissante se dessinait devant elle sous les traits de Malcolm Gillian et non, elle n’avait pas besoin qu’il se présente. Elle avait seulement besoin qu’il se soit trompé de porte, il le fallait. Il devait faire demi-tour immédiatement, retourner dans ce petit monde où il n’avait besoin de personne et où il ne considérait personne. Devant lui elle était trop vulnérable, il devait partir. Tout ce qu’elle avait ressenti ce jour-là… *Je ne veux plus jamais te revoir…* Tout ce qu’elle avait enduré après… *Plus jamais…*Tout revenait la hanter. Son cœur s’ouvrait et laissait échapper les larmes de sang refoulées causées par un excès de confiance en quelqu’un qui ne le méritait pas.

Sentant sa gorge se nouer et des larmes se réveiller, elle envisagea de se réfugier immédiatement dans sa chambre, prétexter n’importe quoi. Il était hors de question qu’elle se donne en spectacle ici. Elle se leva alors, mais son regard croisa celui de Malcolm : la peur, l’angoisse, et une satisfaction immense l’envahit. Il n’était pas content de la voir, pas du tout. Peut-être l’effrayait-elle? Quoi qu'il en soit, l’horreur qu’il dégageait fut suffisante pour lui redonner une grande confiance. Elle espérait seulement que son geste précipité passerait comme un geste de bienvenue aux yeux des deux autres, Malcolm, elle s’en fichait. D'ailleurs, celui-ci quittait la pièce pour aller porter ses affaires, et n’avait fait aucun commentaire sur Leah. Heureusement pour elle, il n’avait rien de très compromettant sur elle, il ne savait rien des sentiments qu’elle avait éprouvés, et c’était bien mieux ainsi.

-Je suis Malcolm Gillian. Heureux de faire votre connaissance, je sens qu’on va bien s’amuser! Alors, vous parliez de quoi?

Cedrik fut le premier à répondre, s’essayant à une tentative d’humour peu convaincante et Leah fût bien heureuse qu’il prenne la parole. Malcolm s’amusait ainsi à ne pas la reconnaître, à l’ignorer? Mais son petit manège était bien peu peaufiné et malheureusement trop improbable pour la situation. Ils avaient été très proches, et dans un passé pas si éloigné. Il l’avait reconnu, elle n’avait aucun doute. Mais s’il l’avait réellement déjà connu, il aurait dû savoir que l’on n’ignore simplement pas Leah Carere. Au rythme des paroles de Cedrik et dans une neutralité redoutable, elle contourna le divan pour se retrouver près de sa victime au moment où l’autre terminait de se présenter. Elle était un tout petit peu trop proche de lui pour une inconnue et c’est l’effet qu’elle voulait donner. Elle souriait d’un sourire franc et ressenti, mais loin d’être causé par la joie d’une nouvelle rencontre.

-Ravie de faire ta connaissance aussi Malcolm. Moi c’est Leah, Leah Carere. Elle souriait d’un sourire tellement faux qu’on croirait à un masque sur le visage de la jeune fille. Un sourire accompagné de regard qui défiait Malcolm, malicieux et déguisé en gentillesse pour ceux qui ne la connaissaient pas. Il était trop profond, trop appuyé. Elle voulait aller porter ses mots jusqu’à son cœur et y déverser son poison, mais après réflexion, elle préférait lui injecter une dose mortelle dans un endroit plus superficiel et le voir souffrir plus longtemps. En effet, je suis certaine qu’on va s’amuser follement.

Sur cette affirmation qu’elle avait accompagnée d’une main délicatement tendue, elle était des plus franches. S’il avait fait mine de la reconnaître et de sembler être heureux de la voir, elle se serait fait un plaisir de lui cracher au visage et de crier toute sa rancœur, elle aurait fait une scène et était même prête à pleurer, mais là, tout était différent : il l’ignorait. Il lui donnait l’avantage. Il lui donnait ainsi toutes les armes qu’elle avait besoin pour se soigner de sa blessure et ainsi redémarrer le combat mieux équipé que lui.
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MessageSujet: Re: Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] EmptyMer 24 Mar - 0:27

Comme la vraie agace qu'il était, Drake, juste avant de s'assoir près de la jeune femme étrange, avait fait un petit détour vers l'autre divan, détour qu'il croyait plus long qu'un simple détour, c'était son débarquadaire. Il n'était pas question qu'il aille s'assoir à côté d'elle, pas à côté d'une fille. C'était une croqueuse d'homme, ou alors une joueuse plutôt, mais peu importe ce qu'elle était, elle était une fille et cela était suffisant pour que Drake ne s'approche pas trop d'elle. La seule chose que les femmes pouvaient faire, c'était attirer les problèmes. Constamment, elles faisaient tout pour attirer la malchance, le désastre surtout. C'est là qu'on se dit : «Oui, mais vous les gars, vous n'êtes pas mieux, vous vous battez tout le temps et être absolument incompréhensibles». Mais devinez d'où viennent les problèmes qui font qu'on se bat toujours? Oui, oui, de vous les filles.

Le regard qu'elle lui lança attira légèrement son regard. En rien il ne s'intéressait à elle, ni même pour son corps ou sa poitrine (quoi que l'auto-satisfaction commençait à le rouiller), elle n'avait rien pour lui et lui, encore moins pour elle. Si elle voulait quoi que ce soit, jouer à un jeu psychologique, jouer à la drague ou quelque autre jeu obscur, elle n'obtiendrait même pas de réponse. Il y a de cela longtemps, longtemps pour lui, il avait été ce genre de garçon à courir toutes les belles filles qu'il croisait, les attirant toutes avec une ruse bien ancrée chez Drake, mais maintenant, ce n'était plus la même chose. On avait réussit à le toucher, une fois on avait percé un trou jusqu'à son organe vital, et on avait laissé l'hémoragie le tuer trop peu après. Voici encore le genre de problème que les filles peuvent causer.

Quand il passa à Leah, l'accusant presque d'étudier en droit tout en plantant ses yeux dans les siens, le malaise qu'elle ressentit aurait pu se faire voir jusqu'au vingtième étage. Était-il si menaçant, ou alors croyait-elle qu'elle pouvait cacher ce genre d'information? Mais le malaise qu'elle dégageait beaucoup trop puisamment, accompagné d'un silence de mort, rendit Drake presque douteux. Il n'avait aucune idée de ce qui lui passait dans la tête en ce moment, mais elle avait assurément tord. Il soutint son regard tout de même, comme pour confirmer ce qu'elle croyait.

Alors que Drake finissait de ''jouer'' à deviner les domaines d'étude, il réussit à se tromper sur l'espèce de skizophrène qui se trouvait de l'autre côté de son divan. Ce n'est quand même pas la faute de Drake si le petit homme avait le profil parfait, trop cliché, d'un artiste, ou du moins d'une tentative d'artiste. Parce qu'il faut l'avouer, il aurait même à retoucher son look s'il voulait devenir artiste. Et ce callepin, allez savoir ce qui y était écrit, mais le socialiste était presque certain d'y apparaître dans les prochaines pages, la prochaine probablement. Le regard qu'il lui avait lancé montré qu'il l'avait largement offensé... Les sciences, évidemment. Quelle insulte de comparer un scientifique et un artiste, *désolé Cédrik, mais t'as même pas le profil.*

Puis, venant tout juste de penser au skizophrène de l'autre côté du divan, quelque chose passa dans la tête de Drake. Lui, qui venait de faire des recherches sur le sujet pour un travail parascolaire se remémora soudainement ce qu'il avait lu. «Manque d'expression des émotions, visage fixe, discours monotone, difficulté à maintenant une conversation, réponses brèves, manque d'intérêt, d'énergie, de persistance à effectuer une activité, perte de plaisir dans les loisirs, perte d'intérêt pour des activités sociales ou sexuelles, difficulté à nouer des relations intimes, difficulté à se concentrer, à écouter un long film, à maintenir une lecture». Une soudaine panique s'installa dans le sociologue alors qu'il venait tout juste de se rendre compte de ses études. Perte de plaisir pour des activités sexuelles... difficulté à nouer des relations intimes, difficulté à se concentrer, à maintenant une lecture... il s'agissait tous de comportements qu'il avait. Ses yeux s'aggrandirent en remarquant cela tandis qu'un inconfort s'installa chez lui. Qu'on aille pas lui dire qu'il manquait d'émotions, sinon il se jetait par la fenêtre.

Dans leur ménage à trois, ils étaient si bien, en huis-clos. L'enfer, c'est les autres... voilà qui était bien adapté à la situation. Il ne fallait pas être très bon pour remarquer que chacun ici avait son lot de problème, mais surtout son lot de secrets bien caché. L'enfer, c'était que les autres puissent nous connaître réellement, puissent découvrir qui nous sommes à l'intérieur, dans nos trippes. Chacun ici semblait en cacher beaucoup sous une carapace adaptée à chacun. Léah était la carapace de la séduction. Elle jouait avec les autres pour qu'on ne se doute pas de qui elle était. L'autre, Cédrik, était la carapace de la discrètion. Il se faisait le plus petit possible, mais sa curiosité rendait sa carapace molle. Finalement, Drake était la carapace la plus dure au début, mais vulnérable une fois percée, celle du coeur de pierre. Sa faiblesse? Il ne le vous dira pas, mais elle est montée sur deux roues. L'enfer, c'est les autres...

Voici qu'un nouveau démon faisait son entrée dans la scène du salon. D'apparence, il était bizarre, à la fois il pouvait sembler du style à Drake, autant il pouvait avoir l'air aussi fou que Cédrik. Il attira tellement son attention qu'il fût absolument incapable de la saluer avant qu'il retourne à sa chambre. Il y avait quelque chose qui s'était passé, un malaise vraiment épouvantable. Peut-être n'était-il pas à l'aise avec les relations? Alors Burton s'en chargerait rapidement.


-C'est moi ou bien il vient de s'enfuir pour se cacher dans sa tannière?

Il ne parla pas aussi fort que précédemment, ne voulant pas non plus se faire entendre. Il n'avait aucun problème à assumer ce qu'il disait, mais s'il lui était possible d'éviter les conflits, il utilisait cette option. Finalement, l'être étrange revint les revoir, par lui-même. Peut-être n'était-il pas si appeuré par les autres finalement, mais quelque chose l'avait dérangé. Leah semblait avoir beaucoup d'intérêt envers lui et lorsqu'elle se leva pour aller le saluer de plus près et lui dire des mots sur un ton qui en disait beaucoup trop, il fût facile de remarquer que quelque chose trimbalait entre ces deux-là. La chose semblait assez obscure, mais comme Drake s'en doutait, c'était la fille qui portait la meilleure carapace entre les deux. Cédrik le présenta en annonçant qu'il jouait même si le jeu n'était pas particulièrement amusant. Burton regarda à nouveau le nouvel élément déclancheur, affichant un sourire presque aussi franc que sa grandeur.

-Salut! T'auras compris que c'est moi Drake.

Puis il se leva, pas pour laisser la place au nouveau, simplement parce qu'il voulait aller voir ce qu'il pouvait examiner de la fenêtre du salon. Dos aux autres, Drake entra très intensément dans ses pensée. Si les autres disaient quelque chose, il l'ignorait. La skizophrénie... voyons Drake, tu n'es quand même pas si bizarre.
C'est après un moment de silence de sa part très long qu'il finit par se retourner vers ses nouveaux compagnons avec un regard bien sérieux et qui montrait qu'il contrôlait ce qu'il allait dire, même si cela le rongeait soudainement beaucoup de l'intérieur. C'était simplement une grosse bulle qui passait en lui, mais il se demandait sérieusement s'il pouvait être malade.


-Dites, j'exprime mes émotions hein?

Puis il les regarda un à la suite de l'autre. La carapace de la séduction, la carapace de la discrétion, la carapace du masque et la carapace du coeur de pierre. Quelle belle meute de tortues!
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Malcolm Gillian

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Antisocial et antipathique

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MessageSujet: Re: Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] EmptyJeu 8 Avr - 23:44

[HJ: Pardonnez-moi et pour le temps et pour la longueur et pour la qualité... Bref: PARDONNEZ-MOI!!!]

Malcolm fit comme s’il n’avait pas ressenti le malaise qui s’était produit juste avant son départ pour aller déposer ses trucs. Tout devait aller comme sur des roulettes et si, pour se faire, il devait jouer la carte du mec qui ne se doutait pas du gros drame caché et sous-entendus qui allait bien finir par éclater, il le ferait sans hésiter.

-Drake jouait à deviner nos domaines d'études. Au fait, moi c'est Cedrik.

Malcolm ne voulait pas porter un seul regard à ce camarade de résidence. Toute cette attention pour Cedrik, ce serait soit trop ou alors carrément louche. Si Malcolm ne voulait avoir l’air de quelque chose, c’était bien d’un gai… Il faisait donc de son mieux pour tenter de faire comme si Cedrik n’existait pas. Lorsque Malcolm ne voyait, ne serait-ce qu’une partie du corps de Cedrik, il l’effaçait de son champ de vision, lui faisant ainsi oublier qu’il partageait sa résidence avec un homosexuel! De plus, considérant le ton las et froid avec lequel avait parlé Cedrik, Malcolm avait bien l’impression que c’était réciproque. Cela lui faciliterait donc les choses. Il affichait un grand sourire et sur ses traits on pouvait y voir beaucoup de sollicitude. C’était un air faux mais sans fissure, que seul un regard expert pourrait remarquer et de toute évidence, il n’y en avait pas dans cette pièce. Il avait donc toujours l’air aussi parfait. Ce qui, en soit, était… parfait!

-Ravie de faire ta connaissance aussi Malcolm. Moi c’est Leah, Leah Carere. En effet, je suis certaine qu’on va s’amuser follement.

Cependant, il ne voulait pas plus tenter un quelconque regard trop long ou intense avec la jeune femme. Il y voyait trop de choses qui ne devaient pas être. Trop de choses qui avait été, qu’il avait été et qu’il avait faites. C’était trop difficile pour lui de soutenir son regard, car elle lui rappelait trop de choses qu’il avait pensé avoir caché suffisamment loin… Il ne voulait pas non plus la toucher, cela aurait été trop et pas assez. Cela aurait été trop facile pour elle, et pas assez pour lui. Il en aurait voulu plus, il aurait voulu qu’elle le prenne dans ses bras pour tout effacer. Mais cela n’arriverait jamais. On ne pouvait pas effacer qui on était, encore moins qui on a été. C’est pourquoi il ne lui fit qu’un rapide sourire, sans bouger de sa position initiale et en ne prenant donc surtout pas sa main tendue. De plus, entretenir une conversation longue avec Leah n’était pas plus dans ses plans. Il ne voulait pas revenir sur ce qui s’était déjà passé entre eux. Le passé restait dans le passé. Point final. Il se doutait que Leah n’était pas tu même avis, puisque peu de gens pensaient comme lui, mais il ne voulait en aucun cas revenir sur ces évènements. Pour lui, son ancienne vie, sa cure et Leah Carere était tous plus morts et enterrés les uns que les autres… Heureusement, cela semblait réciproque! Il ne lui restait donc plus qu’un seul colocataire à analyser.

-Salut! T'auras compris que c'est moi Drake.

Si, au départ, il lui avait rappelé un être pathétique, tout droit sorti d’un mélodrame. À force de le regarder, Malcolm trouvait qu’il ressemblait bien plus à un personnage d’une comédie dramatique. Du genre qui tente de faire rire tout le monde et de se prendre pour un autre parce qu’il souffre trop... Malcolm n’arrivait pas à dire ce qui était le pire entre les deux… Pendant que le Drake en question se tournait pour observer la magnifique vue sur le stationnement en béton que leur donnait leur misérable appartement, Malcolm décida de ne pas rester trop longtemps près de Leah, elle pourrait tenter une conversation. Il alla plutôt vers la cuisine, question de repérer le garde-manger. Il fouillait donc négligemment dans les différents tiroirs et armoires de la pièce, se demandant ce qu’il pourrait bien faire de plus. Il avait l’air très absorbé dans sa besogne, comme si cela pouvait être a) intéressant ou encore b) difficile que d’ouvrir des tiroirs et des armoires. Il n’y avait pratiquement rien dans tout ce qu’il venait de regarder, ce qui faisait en sorte que son tour de cuisine resterait relativement court, à son plus grand malheur. Sentant le début d’une crise de panique, il appuya son front contre une armoire et ses deux mains étaient à plat contre le comptoir. Il lui faudrait un miracle pour survivre à cette première journée et encore plus pour terminer la session indemne. Heureusement, il avait peut-être un allié dans cette pièce finalement. En effet, Drake avait terminé de détailler le stationnement et leur avait parlé.

-Dites, j'exprime mes émotions hein?
- Écoute, on s’est dit quatre lignes en tout toi et moi, je ne crois pas que je puisse répondre à ça, ok!?!


Il s’était retourné et réavancé vers le salon. Il avait les bras croisé sur sa poitrine et le poids de son corps un peu plus vers l’arrière. Son ton de voix était par contre assez tranchant. Il n’avait pas voulu être méchant, mais cela lui était venu naturellement. Il trouvait déjà que Drake était épuisant avec ses questions étranges... *Décidément, la session va être longue…*
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Cedrik Manners

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MessageSujet: Re: Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] EmptyMar 20 Avr - 2:47

-C'est moi ou bien il vient de s'enfuir pour se cacher dans sa tannière?

Cedrik avait regardé Malcolm repartir avec un air mi-dédaigneux mi-accueillant. Le mélange était très étrange, mais on parle ici de Cedrik Manners, alors... Il tourna le même regard vers Drake, en y ajoutant une fine touche d'ennui.

-Il va revenir faire son numéro, ne t'inquiète pas...

*Les mecs du genre ne manquent jamais l'occasion de montrer à quel point ils sont bons, beaux, forts... Comme si on avait besoin d'eux.* Malcolm revint donc, comme l'avait prédit Cedrik, et Leah s'approcha de lui comme un prédateur de sa fragile proie.

-Ravie de faire ta connaissance aussi Malcolm. Moi c’est Leah, Leah Carere. En effet, je suis certaine qu’on va s’amuser follement.

Cedrik peinait à ne pas adorer cette fille. Il s'était promis de détester tout le monde, mais elle... Elle était fascinante. Avec son sourire tellement faux qu'on était presque obligé d'y croire et ses manières calculées pour faire rougir la perfection, Leah Carere était la personnification de tout ce à quoi aspirait Cedrik. Il aurait voulu, comme elle, contrôler aussi parfaitement son attitude pour faire des autres ce qu'il voulait. Dans son cas, bien sûr, c'était les repousser, les éloigner le plus possible de lui. Il y arrivait assez bien, multipliant les sarcasmes et les regards mauvais, mais il n'était rien à côté de ce qu'il percevait déjà de Leah. Il aurait voulu avoir un tel contrôle, ne pas sembler fournir d'efforts pour ravaler les attaques gratuites qui lui montaient souvent à la bouche, par exemple. Cela lui éviterait bien des ennuis... En effet, Cedrik avait une franche tendance à se mettre dans des situations peu avantageuses parce qu'il ne savait pas s'empêcher de provoquer. Dès qu'il en sentait l'occasion, le jeune homme crachait les meilleures insultes, les plus subtiles ou les plus directes, jusqu'à atteindre le bout de la patience de sa victime. Il devait avoir besoin d'attention...

-Salut! T'auras compris que c'est moi Drake.

Malcolm avait au moins la qualité de savoir se la fermer. À Leah, il n'avait fait qu'un sourire fuyant et, à Drake, encore moins. Son numéro de celui qui est tellement content d'avoir de nouveaux colocataires venait de se planter. Il semblait soudainement aussi sociable qu'un chien enragé enchaîné au fond d'une piscine qu'on remplit doucement. Il se noyait au milieu du salon et Cedrik était perché tout en haut, sous un parasol, l'air amusé. Ce mec l'amusait déjà. Beaucoup. Il était pathétique de ne rien dire, d'essayer d'avoir l'air à l'aise quand il ne l'était pas... D'ailleurs, son attitude dépassait le malaise. Avec Leah, il y avait quelque chose de plus, comme une vieille histoire qu'on pousse du pied sous un meuble mais qui dépasse encore. Avec Drake, c'était un snobisme qui semblait naturel, tout comme avec Cedrik. Cependant, Manners sentait que Malcolm le détestait déjà plus que l'autre colocataire et il cherchait pourquoi. Il n'avait encore rien fait. Pourtant, Gillian faisait comme s'il n'existait pas. Il ne le regardait pas, ne lui parlait pas, détournait les yeux dès qu'ils se posaient non loin de lui... La confusion de Cedrik disparut d'un coup et un sourire mauvais et amer se découpa sur son visage: il avait compris.

Malcolm était homophobe et il avait déjà décidé que Cedrik était gay, sans même attendre de le connaître, seulement en se fiant à ses premières impressions. Son attitude était assez populaire et c'est pourquoi le principal concerné l'avait tout de suite cernée. Il en fut, d'ailleurs, plutôt dégoûté, comme toutes les fois. Il détestait quand les gens se permettaient de le juger, principalement sur ce point. Ils ne comprenaient pas... Lui-même, il n'y arrivait qu'à peine. Avec le temps, il avait accepté d'être différent, car il ne pouvait pas lutter... mais il restait différent, pas comme les autres, à part... et, même s'il savait qu'il ne pouvait rien y faire, Cedrik détestait cet état. Les regards extérieurs étaient lourds.

Quand des inconnus vous regardent, l'air de dire qu'ils vous connaissent au complet parce qu'ils ont deviné que votre orientation sexuelle est différente, vous vous sentez vide, insignifiant, banal. Vous avez l'impression d'être transpercé par ces yeux qui ne voient que ce que vous aimeriez cacher. Vous avez envie de leur crier qu'ils ont tort, juste pour qu'ils regardent ailleurs, mais vous savez. Et ça vous rend malade. Dans leurs yeux, votre différence s'imprime avec des contrastes accentués, exagérés. Vous devenez un gay. Point. Rien d'autre. Vous n'avez plus d'identité que celle d'un groupe qui n'en est pas vraiment un, des tonnes de gens différents qui sont considérés comme semblables simplement parce qu'ils partagent un point commun. Pourtant, les hétérosexuels ne sont pas réduits à leur orientation; ils peuvent être autre chose. Mais Cedrik, sous le regard populaire, n'est pas plus qu'un homosexuel de plus, une tapette qui se fera tabasser à coups de poings ou de mots. Un gay, un fif, une tapette, une pédale... Un homme, au fond, qui n'a pas choisi qu'on le regarde différemment.

Cedrik décida donc que Malcolm ne serait pas son colocataire préféré. C'était définitif. Plutôt que prendre conscience de la blessure que son attitude rouvrait, Cedrik préféra détester le Gillian, le trouver insipide, lui enlever toute importance. Il ne vallait pas la peine qu'on lui explique ou même qu'on essaie de lui donner une chance. Il n'était qu'un foutu homophobe, une autre catégorie où enfermer les gens. Pas de nuance, pas de danger. Cedrik s'appliquerait à vouer à Malcolm une haine méritée par sa personnalité nuisible et sans saveur, et il ne lui en voudrait pas de le juger, de le faire disparaître derrière les regards qu'il détournait. La peine et la colère, ce serait trop de sentiments. Et il n'en avait pas envie.

Alors que Drake allait jouer au poisson rouge qui regarde au-dehors de son aquarium, Cedrik posa les yeux directement sur Malcolm. Si celui-ci le regardait, il verrait qu'ils étaient dirigés vers ses propres yeux.


-T'es pas mal moins jasant qu'avant les présentations.

Il avait pris le ton de celui qui n'en à rien à faire, qui parle juste pour combler le silence. Monotone, égal, terne. Seulement, ses yeux exprimaient le contraire et il serait bien amusé si le Gillian décelait toute la provocation qui peinait à s'y cacher. Il voulait faire comme s'il n'était pas là? Alors Cedrik ferait comme s'il se moquait de lui au point de ne pas remarquer ses efforts pour ne pas tenir compte de sa présence.

-Dites, j'exprime mes émotions hein?

*Il est débile ou quoi?* Mais c'était quoi, cette question?

- Écoute, on s’est dit quatre lignes en tout toi et moi, je ne crois pas que je puisse répondre à ça, ok!?!

Cedrik leva les sourcils, à la fois amusé et étonné que Malcolm soit déjà aussi désagréable avec un des autres colocataires. Il partait mal, celui-là: un truc louche avec Leah, une haine évidente envers Cedrik et, maintenant, il était carrément désagréable avec Drake. D'ailleurs, Drake était le seul à sembler à peu près normal dans cette baraque. Bon, d'accord, il arrivait avec cette question plus qu'étrange et il y avait eu ce truc avec les sacs mais, dans l'ensemble, il semblait de bien meilleure fréquentaiton que les trois autres. Vraiment, il aurait dû louer un appartement en enfer; les colocataires auraient certainement été plus sympathiques. Avec une froide calculatrice, un petit cynique provocateur et un grand fendant qui se croyait tout permis, Drake n'aurait pas fini d'en baver... Cedrik en était presque désolé pour lui.
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MessageSujet: Re: Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] Brûler de froid dans un enfer juste pour nous [PV] EmptySam 24 Juil - 3:12

Leah avait toujours été une personne fière, indépendante et orgueilleuse. Elle tenait tête à tout le monde et avait en horreur d'avoir l'air ridicule et d'être laissée pour compte. Elle fonçait dans tout sans jamais montrer ce qu'elle pensait vraiment. Elle préférait voir les autres essayer de la deviner, sans jamais y parvenir, notons-le. Son père avait tenté maintes et maintes fois de percer sa carapace pour en faire une jeune fille obéissante et exemplaire. Il l'aurait si bien vu descendre les grands escaliers d'une salle de réception, affublée d'une robe somptueuse, dans le cadre d'un des bals de débutantes que sa sœur organisait chaque année. Il avait le prestige nécessaire pour la présenter à cet événement, mais elle s'y était toujours refusée, alors que tant d'autres en rêvaient sans jamais pouvoir y accéder. En soit, Leah était une déception à part entière pour M. Carere. Une honte qui lui attirait trop de regards négatifs et qui détruisait son image si soigneusement entretenue auparavant. Il avait toujours tout fait pour avoir une vie la plus normale possible, même lorsqu'il avait appris l'anormalité de sa femme. Il s'était tu devant tout le monde, préférant mourir plutôt que de dire que sa fille aussi risquait d'être... un monstre... Car c’était précisément la manière qu'il la percevait. Il évitait consciencieusement sa présence, allant jusqu'à négliger son éducation. N'allez pas vous demander pourquoi elle a si mal tourné. Toute jeune, elle perdait son meilleur ami et sa mère, et tout ce qu'elle trouvait en réconfort, c'était un père qui ne voyait en elle qu'un sombre fantôme de sa femme, qu'il avait tant détesté pour être hors-norme.

Le fantôme était donc rendu à l'université, planté devant ses futurs colocataires à tenter d'humilier un homme pour qui elle aurait tout donné il y a quelque année, et qui ne l'avait jamais mérité. Debout devant lui, elle se sentit ridicule à peine une seconde après avoir parlé. À quoi elle s'attendait? À une crise de larmes? Un lavage de linge sale en public? Bien sûre que non! Elle avait affaire à Malcolm Gillian, comme s'il pouvait exprimer quoi que ce soit. Elle aurait aimé être en mesure que le faire souffrir autant qu'il l'avait faire souffrir, mais comme vous vous en doutez, Leah n'était pas vraiment de taille. Après que la jeune femme fut entrée dans son jeu, feignant de se présenter, il préféra l'ignorer complètement plutôt que de lui adresser la parole. Là, elle était prise au dépourvu. Elle devait s'en sortir la tête haute, surtout devant les autres.

Elle regretta tout à coup d’être sortie de sa chambre. Malcolm… Quelles étaient les chances pour qu’elle le retrouve ici, et dans son propre appartement de surcroît? Peut-être avait-elle quelque chose à en tirer? Peut-être que le petit Jésus lui offrait sa revanche sur un plateau d’argent? Ou peut-être devait-elle ouvrir ls porte à d’éventuelles réconciliations? Non, ça, elle en était incapable. Il l’avait trop fait souffrir, et il ignorait jusqu’à quel point, il fallait qu’il sache. Ce serait injuste si tout devenait à la normale entre eux, et de plus, elle n’en avait pas envie. Elle devait trouver quelque chose de cinglant à lui dire, du Leah Carere pur, de la méchanceté gratuite. Elle qui avait tant de facilité à dégrader les autres, était complètement incapable de saisir son opportunité face à lui. Elle n’entendit pas Drake se présenter et ne remarqua pas qu’il s’était levé et déplacé vers la fenêtre. Inconsciemment, elle s’était détournée de Malcolm, mais était restée muette. Ce fut le questionnement étrange de Drake et les réponses associées qui la sortirent de sa torpeur. Voulant à tout prix se distinguer de Malcolm, elle décida de répondre vraiment à Drake. Et d’embarquer un peu dans son jeu, si elle pouvait trouver son point faible… Elle jeta un regard mauvais à Malcolm et d’approche très légèrement de Drake.


-Ben disons qu’à date pas vraiment. T’as été plutôt renfermé, tu ne nous a même pas dit ce que tu ressentais à l’idée de nous rencontrer.

C’était sarcastique. Bien entendu qu’il n’avait rien dit. Personne n’avait rien dit. Tout le monde était bien trop occupé à jauger les autres pour parler de quoi que ce soit de sérieux. Malgré tout, elle avait répondu au plus séduisant de ses colocataires de manière très sérieuse, comme si elle le trouvait étrange pour vrai de ne pas en avoir parlé. Si lui-même demandait ça pour rire, il verrait le sarcasme, mais s’il se prenait au sérieux, il lui échapperait probablement. Elle se tourna ensuite vers Malcolm.

-Heyy… Tu ne pourrais pas essayer d’être sympathique au moins la première heure? La prochaine fois que t’auras l’intention de t’intégrer, essaie de ne pas dégrader ni ignorer tout le monde à peine arrivé, ça va être plus gagnant.

Bon ce n’était pas génial, c’était même loin d’être la réplique du siècle, mais si ça parvenait à le saisir au moins une demi-seconde, elle serait satisfaite. Elle en profita pour s’éloigner complètement du « monstre » et retourna s’assoir sur le divan. Elle inspira profondément, pour la première fois depuis que son propre fantôme avait refait surface, mélangeant une harmonie de souvenir désagréable et d’émotions oubliées. Elle parcourra la pièce du regard; Trois gars, une fille. Un mec canon, un peu étrange, un autre un peu bizarre, n’ayant pas l’air trop sociable, et une ancienne conquête, qui ne lui avait pas vraiment manqué. Décidément, Leah pouvait s’attendre à bien du plaisir cette année.
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